lundi 16 décembre 2013

Le Brésil

Je viens de quitter la Bolivie avec un sentiment d’inachevé. Les expériences, vécues sur place, ont été fortes, parfois un peu malheureuse. J’aurais néanmoins aimé passer beaucoup plus de temps pour découvrir la diversité naturelle, la richesse culturelle de ce petit pays encerclé par les immenses territoires de ces voisins sud-américains.  C’est une certitude, j’y reviendrais dès que l’opportunité se présentera.

C’est à pied que je franchi la frontière menant à ce géant, qui se trouve du côté du soleil levant (en prenant pour référence les terres que je viens tout juste de quitter). Seulement quelques pas me suffiront pour atteindre le poste frontière brésilien. Après quelques minutes d’attentes, des formalités brèves en tant que citoyen français, j’obtiens un nouveau tampon sur mon visa! Ce dernier m’accorde un visa touristique de 90 jours sans conditions particulières. Il est tellement facile de voyager en Amérique du Sud du fait de ma naissance, du passeport que je détiens.  Je ne franchis qu’une frontière imaginaire, tracée sur des cartes, il y a quelques dizaines d’années, par des êtres humains en quête de possession, ayant besoin d’affirmer  leur territoire. Pourtant la différence va très rapidement se faire sentir. Le clivage entre les pays c’est fait au cours des dernières années, mais il est bien présent. La première démonstration de cet état de fait sera la langue brésilienne, qui diffère de tous ces voisins. 

Personnellement, comme pour tout changement de pays, l’excitation est à son comble! L’assurance de découvrir quelque chose de nouveau, de vivre d’autres expériences me donne toujours  un sentiment de bien-être et de renouveau. Ce passage de frontière est pourtant particulier. Il signe le retour dans un pays, visité pour le travail, il y a plus de 4 ans. L’expérience à Manaus a été inoubliable. Le partage avec les locaux, le fait de travailler avec eux, de sortir avec eux, de vivre des moments importants de leur vie (anniversaire, mariage, sortie en famille) pendant les différents week-ends passés sur place m’ont marqués. J’espère lors de ce séjour retrouver cette simplicité, la faculté au partage, le fait de faire la fête sans artifices, mais avec un entrain qui pousserait le plus introverti à rentrer dans la danse…

Je ne suis pas nostalgique de ces moments passés. Je garde seulement tous les bons souvenirs  en tête. Ces derniers resurgissent en flash alors que je pénètre de nouveau sur ces  terres.  Je sais que le programme que je me suis concocté pour les 20 prochains jours ne me permettra pas d’apercevoir les mêmes aspects de ce pays aux multiples visages. Mais  je compte bien profiter de toutes les opportunités qui se présenteront à moi.

Ce point d’entrée, à Corumba, se situe non loin d’une région très spécifique, dont l’Akilifamily m’a vanté les mérites lors de notre séjour partagé. Région grande comme la moitié de la France, elle constitue la plus grande zone marécageuse au Monde. Il s’agit du Pantanal qui possède une faune et une flore très variés, riches.  En cette mi-octobre, j’arrive juste avant le début de la saison des pluies. Ces terres s’apprêtent à changer considérablement. Elles vont se gorger d’eau. 

J’ai vraiment envie de découvrir ces lieux. J’avais pensé partir seul sur cette route de terre, l’Estrada Parke qui pénètre dans cette région très spéciale, par le Sud. J’aurais eu envie de pouvoir camper seul, y planter mon hamac et admirer ce que cette réserve pouvait m’apporter. Mais des conseils de personnes, un peu de manque de temps m’y auront fait renoncer. Je vais alors, comme une majorité de touristes, passer par un tour organiser. 

Je me fais alpaguer, avant même d’entrée sur le territoire Brésilien, par une personne qui tient une agence. Il vit grâce à ces commissions. Mon ressenti n’est pas complétement serein concernant la fiabilité de cette personne. Le trajet gratuit, en moto, de plus de 5 kilomètres jusqu’en ville, pour discuter des différentes possibilités dans son agence, sans obligation d’accord ou d’achat, me convaincront de le suivre. Je vais négocier les prix, m’assurer du programme. Sûrement un ressenti mais je vais redemander encore et encore des confirmations concernant les prestations! Je suis au courant que les agences de cette ville ont mauvaises réputations. Il faut faire attention aux entourloupes. Mais la seule autre possibilité serait de courir après un nombre d’agences restreint, disséminées dans cette ville frontalière, non touristique, et ne possédant pas de vrai centre-ville comme nous l’entendons en France. L’autre possibilité serait de faire un trajet de plus de 8h00, jusqu’à Rio Grande, ville la plus grande de la région. J’aurais donc dû payer le prix fort pour le bus, dans ce pays où le niveau de vie n’est pas du tout le même que celui de son voisin. Puis j’aurais eu à retourner en arrière, quasiment au point où je me trouvais quelques heures auparavant. Après avoir hésité, pesé le pour et le contre, je décide donc de prendre, la solution de facilité et donc le tour qu’il me propose. Ce dernier commence dès le début d’après-midi.  

Après avoir fait quelques courses au supermarché du coin, avoir mangé quelques biscuits, avoir assisté à une fête religieuse locale, je me retrouve dans le bus menant en direction du Pantanal. Les paysages de plaines marécageuses sont déjà splendides à travers les fenêtres. Au niveau de quelques points d’eau, je peux déjà admirer de nombreux oiseaux, dont l’emblème du parc, le Jabiru. De la même famille que nos cigognes en France, ces grands échassiers aux plumes blanches, possèdent un col rouge, un cou et une tête noire qui en font des spécimens reconnaissable parmi tous les autres.  

2h00 après le départ, je suis le seul à descendre au beau milieu de nulle part. Dans cet endroit isolé, seul un cabanon de l’armée et un petit commerce sont présents. Pensant être seul, je me rends compte finalement que d’autres personnes attendent près d’un camion 4 roues motrices. Certaines d’entre-elles feront parties du même tour organisé que moi. Très vite les présentations sont faites. Je vais partir avec un couple d’argentin d’une cinquantaine d’années et d’un couple australo-allemand, de mon âge, en voyage depuis quelques mois. Nous allons attendre de longues minutes avant que, finalement, le véhicule devant nous emmener au camp se présente. Nous voilà donc embarquer sur cette route de terre, à l’arrière d’un pick-up. Il est déjà plus de 15h00. On nous avait tous vendus un tour en 4x4 pour faire une première découverte du parc. En fait, il ne s’agira que d’un transfert de l’entrée du parc jusqu’au bord de la rivière, où se trouve la maison dans laquelle nous logerons. 

Pendant le trajet, le chauffeur, aussi directeur de l’organisation, ne fera aucun stop, ou presque, pour que l’on puisse admirer les animaux. Nous voyons tout de même nos premiers toucans en plein vol, des alligators, des capibaras, autres échassiers et rapaces! Mais les arrêts les plus fréquents seront dictés par des problèmes mécaniques dus à la direction assistée. Des réparations sommaires vont nous permettre de pousser jusqu’à l’embarcation qui nous fera traverser le Rio principal de la région. Lors de cette traversée, nous allons assister à un magnifique coucher de soleil. Cela sera le zénith de notre journée.

Pourtant, quelque chose me dérange! Cela ne s’explique pas.  J’ai la sensation, le sentiment que la réalité du séjour ne correspondra pas forcément à ce qui m’a été vendu. Le non-respect du programme de la première journée confirme déjà les doutes que j’avais eus lors du choix de ce tour. Je vais apprendre directement de la bouche du directeur que le trajet en bus après le séjour n’est pas inclus, et que la nuit à Rio Grande n’est pas assurée non plus. Je déteste le fait qu’une personne m’a délibérément menti pour vendre son tour et se faire la plus grosse commission possible. Je vais néanmoins très vite relativiser, en réalisant que même en ajoutant ces coûts supplémentaires impromptus, j’ai toujours le tour le moins cher de tous les participants présents sur place.

D’ailleurs l’ambiance dans la salle à manger va très vite me faire oublier ces déboires. Trois français, en stage à Rio, et deux néerlandais en vacances pour trois semaines, arrivés la veille, vont se joindre à nous. Nous passerons une très bonne soirée à déguster un buffet copieux, dont les piranhas qu’ils ont péchés dans la journée, et en échangeant sur divers sujets. Sous les conseils de la personne de l’agence, j’ai acheté une bouteille de Cachaça (alcool blanc fait à partir de la canne à sucre et boisson typique du brésil). Je vais la partager avec les autres convives en composant le fameux cocktail brésilien. La Capairinha est à base de cet alcool, auquel on ajoute du sucre et du citron vert! 
En milieu de soirée, nous allons rejoindre le petit village qui se trouve à proximité. En effet, ce jour au Brésil est férié. Il s’agit d’un jour saint et du «Jour des Enfants» (fête que j’avais pu observer quelques heures auparavant). Chaque village organise un repas souvent composé de viandes rôties. Ce dernier se prolonge tard dans la nuit sur le rythme de la samba, de Foro, ou autre musique moderne. Nous sommes  invité à partager ces moments avec les locaux, à boire un verre ensemble, et essayer de suivre les danseuses sur un rythme entraînant.  Je vais aller me coucher le cœur léger, ayant retrouvé assez rapidement  cette ambiance enivrante du Brésil.  Seule la journée du lendemain et la réalisation véritable d’un programme alléchant pourra définitivement lancer ce nouveau séjour au pays du football et de la samba. 
Au réveil, le temps est mitigé. Comme convenu, nous partons assez tôt sur une barque à fond plat motorisé, en bois. Nous partons découvrir la faune, et la visionner dans son environnement naturel. Elle jouit ici de conditions idylliques pour se nourrir, se développer, se reproduire. Beaucoup d’animaux vivent ici de façon permanente. Certains oiseaux migrateurs viennent profiter de ces lieux pendant quelques mois. Notre présence, à la fin de la saison sèche, et au début de la saison des pluies, arrive dans un moment de transition qui va métamorphoser rapidement le paysage. Les terres asséchées, au cours des derniers mois, vont de nouveau se recouvrir d’eau. La surface inondée va alors grimper exponentiellement au cours de pluies torrentielles qui frapperont la région pendant plusieurs mois.  Les marécages vont reprendre leur droit! Il est alors aisé de comprendre pourquoi toutes les maisons sont sur pilotis. Il est intéressant aussi d’imaginer les conditions de vie qu’auront les habitants de cette région pendant cette période.

Mais le moment n’est pas encore venu.  Malgré les gros nuages gris menaçant, le temps sera clément. Seulement quelques gouttes tomberont au cours de la journée. Nous prenons finalement part à un moment très sympa sur ce tour. A l’aide de l’embarcation, nous pouvons approcher à quelques centimètres des oiseaux peu méfiants car connaissant dans ces lieux quasiment pas de prédateurs. Les échassiers, les martins pêcheurs, les rapaces, les vautours et une multitude d’autres oiseaux de tailles et de couleurs différentes se partagent le ciel, et les ressources disponibles. Plus de 650 espèces d’oiseaux différentes y ont été dénombrées. 

Ils ne sont pas les seuls à zyeutés sur ce festin. Très vite, nous allons pouvoir aussi admirer les rois des cours d’eau, qui règne en maîtres tranquilles. Les caïmans ont ici une vie paisible, la plupart du temps occupé à prendre le soleil sur des rivages qu’ils occupent en masse. Le capibara, et d’autres herbivores arrivent à se faire une place dans ce microcosme. Deux animaux très spéciaux manquent à cette énumération. Le fait de les voir reste exceptionnel. Il s’agit du python (que j’ai eu la chance d’avoir en main en Bolivie) et le jaguar. Les dernières semaines un spécimen de ce dernier a pu, inhabituellement, être vu à plusieurs reprises. Une explication vient d’être donnée. Une femelle jaguar, blessé à vif, à la jambe, par un caïman, errée dans la même zone. Ce n’est habituellement pas le cas de ces fauves solitaires qui peuvent parcourir de longues distances et possèdent un territoire énorme.  Le fauve a été récupéré par un organisme de protection de la nature afin de pouvoir être soigné. J’aurais aimé pouvoir participer à ce sauvetage et cette prise en charge. Mais nous en sommes aujourd’hui très loin de ces envies oniriques. 

Au contraire, la loi des séries va nous toucher. Une malédiction doit nous poursuivre concernant les moyens de locomotion pendant ce séjour. Après avoir arrêté une énième fois le moteur pour nous fondre dans l’environnement, et nous rapprocher des animaux, notre guide sera incapable de refaire marcher ce dernier correctement. Seule la machine arrière s’enclenche maintenant. Poursuivre notre promenade sur le cours d’eau est maintenant compromise. Nous sommes à plusieurs kilomètres du camp et il n’y a aucune embarcation à l’horizon. La déception est encore au rendez-vous. Nous devons, tant bien que mal, faire demi-tour pour rentrer. La matinée va s’évanouir et nous n’aurons pas pu en profiter pleinement. Le plus déçu est l’argentin. Travaillant comme photographe, il s’attendait à un safari beaucoup plus spécialisé. Parti lui de Rio Grande, il s’est probablement fait encore plus usurpé que je n’ai pu l’être, ayant des attentes beaucoup plus élevées. Il ne repartira même pas avec nous l’après-midi lorsque le bateau va être réparé. 
Tort lui a pris, car le tour organisé va finalement prendre l’allure d’un vrai safari au contact de la nature.  
Nous partons donc à 4 avec le couple australo-allemand et le guide. Peu de temps après le départ, nous pouvons une fois de plus admirer les caïmans à proximité de nous. Les oiseaux virevoltent par centaines dans le ciel, pêchent, ou se reposent tranquillement sur les rivages et les branches d’arbres. Puis, 4 têtes vont surgir soudainement de l’eau. Des animaux élancés se faufilent entre les roseaux qui pullulent dans cet environnement propice. Nous allons suivre pendant un lapse de temps important des loutres géantes, résidentes du Pantanal. Elles nous feront, pour notre plus grand plaisir, un véritable show avec plongeon, dégustation de poissons, et démonstration d’affection les unes envers les autres.  Prolongeant notre périple au cours de l’eau, nous allons pouvoir observer des flamants roses au bec plat, des oiseaux revêtant un plumage aux multiples couleurs. Descendant sur la terre ferme, nous partirons, pieds nus, à la chasse au python. Nous rentrerons bredouille mais les couleurs dans le ciel, l’immensité des plaines qui nous font face et cette vue à l’infini créent une atmosphère enivrante, où seul les bruits des autres animaux peuvent venir interrompre un silence majestueux. Nous ne serons pas beaucoup plus chanceux lors de nos essais à la pêche  aux Piranhas. Ces derniers vont se jouer de nous et déguster les petits morceaux de viande que nous leur offrons sans jamais mordre à l’hameçon. Exception faite de trois petits spécimens!  Peu importe, le repas du soir pour tous ne dépendait heureusement pas d’une pêche fructueuse de notre part. Nous venons de vivre un très bon moment et la soirée va se poursuivre dans la continuité de cette dernière. Après avoir encore partagé de bons moments autour d’une grande tablée, nous allons un peu échanger sur divers sujets et surtout jouer à un jeu de société, sur un des téléphones portables, qui va enflammer l’assemblée et apportait de nombreux fous rires. 

Cette expérience confirme une nouvelle fois, si besoin était, que peu importe la situation, le plus important, après la santé d’un individu, est les personnes avec lesquelles il partage des moments de vie précieux. M’endormant comme à l’habitude seulement après quelques dixièmes de seconde, les rêves qui font emplir ma nuit révéleront l’ensemble des bons moments vécus les heures précédentes. 
Le lever de soleil auquel j’assiste, seul, au bord de l’eau à 5h00 du matin sera l’initiateur d’une journée commencée sous de beaux hospices.  La promenade pendant plus d’1h30 au contact de la nature dans les marécages adjacents à la propriété est pour moi une autre façon de profiter des éléments naturels. Pouvoir admirer des dizaines et dizaines de rapaces seulement à quelques centimètres de moi consiste en une montée d’endorphine que seul des passionnés peuvent comprendre. Puis, après un déjeune copieux, les deux groupes vont se fusionner pour ne former qu’un. Nous quittons tous aujourd’hui cette zone marécageuse très particulière. La journée et le temps sur place n’est pourtant pas encore révolu. Retraversant la rivière, nous convergeons vers le véhicule motorisé tout terrain qui va nous permettre d’arpenter encore cette Estrada Parke. Nous allons faire cette fois-ci de nombreux stops pour admirer la faune et la flore qui vivent en symbiose le long de cette route, encore praticable pour quelques jours, au plus semaines.  De nombreux toucans vont nous faire l’honneur de voler à proximité du véhicule, ou ils feront les beaux, hauts perchés, sur leur promontoire naturel. Un des meilleurs moments de notre séjour va être atteint  lors d’une promenade à pied dans une partie de la réserve naturelle encore très sèche à cette période de l’année. Notre guide compétent va nous donner de nombreuses explications sur la spécificité des arbres, les animaux que nous pouvons observer comme les sangliers sauvages, les Nandous (sortent d’émus), les coatis… Le summum de cette matinée sera, pour moi, les yeux dans les yeux avec deux cacatoès, pas apeurés par notre présence, et qui continueront à déguster quelques fruits récoltés dans les arbres à proximité...

L’impression de mettre «fait rouler dans la farine» est loin! Oubliés les déconvenues du début, les problèmes mécaniques, la frustration de ne pas pouvoir en faire plus. La beauté de la nature et des relations humaines en toute simplicité m’ont permis de passer un très beau séjour. Sans aucune amertume, je vais payer le transport pour continuer ma route et finalement attendre la ville de Rio Grande. Après plus de 4h00 de trajet, nous arrivons dans un hôtel spacieux où j’obtiendrais la nuit gratuite que l’on m’avait promise. Avec les personnes restantes, nous passerons une très bonne soirée dans une petite gargote de rue à déguster de la bonne viande avec salades et légumes. Ceci n’est qu’une énumération succincte de moments mis bout à bout. L’attraction littéraire de ces événements peut développer reste d’un intérêt mineur. Le lecteur ne peut pas se retrouver enflammer par de tels passages. Mais écrire en détail le moindre détail d’un voyage serai un vrai sacerdoce. Je préfère actuellement vivre ces moments plutôt que de passer plus de temps à les décrire après couts.  

Quoi qu’il en soit, ce séjour se terminera le lendemain. Je vais dire au revoir au fur-et-à-mesure à chacun. Tout le monde part dans différentes directions. De mon côté, je fais face à un trajet de plus de 18h00 pour rejoindre une ville que je souhaite découvrir depuis de longues années. La chanson «Je vais à Rio» me revient alors à l’esprit comme une rengaine.
Le trajet est pourtant maussade. La pluie va nous accompagner pendant de nombreuses heures. Le passage dans la gare routière de la mégalopole de Sao Paolo  me permettra seulement cette fois-ci de prendre conscience de l’étendue de cette ville dantesque. C’est finalement à 15h00, avec plus de 4h00 de retard, que je franchis pour la première fois la bordure extérieur de Rio de Janeiro. Cette ville est un hymne au rêve, à la mise en abîme d’un imaginatif mêlant samba, carnaval, plages paradisiaques, mégalopole multiculturelle vivante, dans un cadre naturel sublimé par ces collines couvertes de verdures! Il pleut pourtant des cordes quand j’y arrive.

Je vais être accueilli par un ancien collègue de DCNS. Je suis en effet resté en contact avec Vincent pendant ces deux dernières années de voyage. Nous avions fait connaissance en travaillant sur une même partie du projet brésilien. Cela consistait en la signature de contrat avec des entreprises européennes, pour la fabrication de machines-outils, qui serviraient sur le futur chantier créé de toutes pièces, à une soixante de kilomètres au sud de Rio de Janeiro. Son parcours est remarquable. Soudeur et ayant fait sa formation en interne à DCNS, il a ensuite décidé de reprendre les études, tout en travaillant, il y a quelques années de cela. Il a finalement obtenu un master dans les achats qu’il a valorisé grâce à sa volonté et ces ambitions. L’expatriation au Brésil était quelque chose qu’il souhaitait obtenir avec DCNS.  Alors qu’il commençait à déchanté après des mois de persévérances pour obtenir un poste, une opportunité, qu’il a créé de lui-même, lui a finalement permis, voilà un an, de rejoindre Rio pour y travailler. Sa petite amie brésilienne, Chris, qui vivait avec lui depuis plus de 2 ans, à Paris, n’a eu aucun problème pour le suivre dans cette expérience mêlant travaille et continuation d’études… Je vais passer les prochains jours en leur compagnie et découvrir leur mode de vie. 

Après avoir couru entre les gouttes entre la station de bus principal et celle des bus locaux, je vais parcourir la ville de nuit. J’aime toujours autant les villes la nuit, magnifiée par les éclairages, mettant en avant la beauté es bâtiments et cachant leur vice architectural, de couleurs, ou la simple vétusté due au temps. Je vais découvrir comme cela plusieurs églises, la cathédrale moderne de la ville, des bâtiments publics tels que la bibliothèque nationale. Je vais très vite pouvoir constater l’aisance dans laquelle vivent les expatriés qui travaillent pour de grandes entreprises. J’avais déjà des avantages très confortables en travaillant avec Evolis, à Miami. Mais nous sommes ici plusieurs crans au-dessus. Il vit en effet à Flamengo, dans un quartier huppé. Il loue, aux frais de l’entreprise, un appartement de plus de 150 mètres carrés avec une grande terrasse. Je ne vous parle pas de l’augmentation de salaire, et du fait qu’avec ce type d’entreprise les expatriés sont exonérés d’impôts. C’est simplement un état de fait que je vous expose. L’idée n’est pas de susciter de la jalousie, d’avoir des détenteurs à ces avantages. Les conditions si avantageuses, en tant qu’expatriés, résulte du fait qu’il n’existe pas tant de candidats que cela au départ. Même si le monde se globalise, les échanges se multiplient, nombres d’êtres humains sont encore trop attachés à leur culture, à ce qu’ils connaissent, pour larguer les amarres et vivre loin de leur terre natale. Je serais peut-être en train d’arriver à Rio en tant qu’expatrié si j’avais continué de travailler à DCNS. Personne ne le sera jamais, et cela ne sert à rien de refaire le monde, ou l’histoire, avec des «Si»! J’aime l’expérience que je vis et d’autres opportunités se présenteront peut-être un jour. 

Quoi qu’il en soit, mon aventure va continuer dans ces lieux de façon très positive. Je vais pouvoir découvrir Rio pour la première fois. Je vais pouvoir me faire ma propre opinion de cette ville qui reste pour moi intrigante et énigmatique.  Arrivant chez Vincent, je vais faire la connaissance de deux de ces amis, Luise et Victor, dont ce dernier est un de ces anciens collègues soudeur. Il a aussi suivi une formation supérieure en même temps que Vincent, ces événements rapprochant alors sensiblement les deux hommes. 

Luise et Victor sont aussi deux voyageurs au long cours. Ils sont arrivés hier avec leur propre voilier. Leur projet est de descendre vers les canaux patagoniens en longeant les côtés atlantique puis remontés dans le Pacifique jusqu’au canal du Panama. Leur projet est intéressant et nous aurons l’opportunité d’en discuter les jours suivants. Il y a tellement de façon de voyager, d’endroits à découvrir que il pourrait être facile de rester toute en vie sur les routes sans avoir l’opportunité de réaliser l’ensemble de ces projets. Pourtant la vie, la création de quelque chose  avec quelqu’un, et les habitudes dans un lieu que l’on connait, sont tellement de bonnes choses que j’aimerais bien connaître de nouveau dans quelques mois, que je ne peux pas envisager cette vie indéfiniment. 

En tout cas, Vincent va nous emmener dans un restaurant très sympathique dans le quartier animé de Lapa. Il y vient régulièrement et il pourra donc facilement pour faire d’autres recommandations. Chris travaillant toute la soirée, nous passerons cette dernière entre gags. Après avoir bien mangé, nous allons finir la soirée dans un club de samba avec un groupe en live. Ça sera  un plaisir pour les oreilles et les yeux. Je ne vais vraiment pas voir le temps passé entre l’écoute de musique dansante, et les pas de sambas parfaitement exécutés par des habitués brésiliens… Il sera assez tard quand nous regagnerons finalement son appartement.
Vincent et Chris travaillant, tous les deux, les deux jours suivants, je vais, en journée, découvrir seul la ville. Le temps va être plutôt clément avec moi. Ils annoncent néanmoins, à la météo, deux jours gris et couvert. Je vais donc commencer par des lieux ne n’hésitant pas obligatoirement un grand ciel bleu.  Pour découvrir les premiers quartiers de la ville, je vais me rendre, à pied, dans le «Parc Lage» et le «Jardim Botanico» qui se trouvent au pied du pic rocheux surplombant la ville, où a été implanté le mondialement connu Corcovado.  Dès que je pénètre dans ces parcs, je n’ai plus aucunement l’impression de me tenir dans une des plus grandes villes du pays et d’Amérique du Sud. La végétation y est dense et de type tropicale. L’humidité ambiante, la présence d’animaux, dont beaucoup d’oiseaux, de cascades et de grands espaces participent aux trompes l’œil. J’y passerais quelques heures très agréables. Le jardin botanique ne possède pas la richesse florale des derniers que j’avais pu visiter dans les grandes villes de ce monde. Mais la ballade y sera tout de même agréable. Je vais ensuite pousser ma visite vers le quartier d’Ipanema, très animé et contenant de nombreux centres commerciaux, restaurants et hôtels. Je découvrirais pour la première fois ces plages immenses, bien vides en ce jour grisâtre, mais qui révèlent déjà une certaine beauté.  Pris dans les embouteillages lors du retour, en bus, chez Vincent, vers 19h00, je vais découvrir un des autres aspects de cette ville et de la vie de ces habitants dans leur quotidien. Le soir même nous irons, avec Chris et Vincent, déguster de bonnes viandes brésiliennes dans un restaurant de très bonne qualité. Le dessert chaud-froid et chocolaté ne sera pas pour me déplaire non plus et complètera un repas copieux. 

Je suis toujours aussi curieux concernant ces couples de deux nationalités différentes qui sont de plus en plus nombreux partout dans le monde. J’aime à leur poser des questions sur leur vie, leur expérience, et les difficultés du à ce statut propre. Vincent et Chris sont quoi qu’il en soit des personnes intéressantes et cultivés avec qui les conversations pourraient se prolonger pendant des heures. Nous nous déciderons tout de même de rentrer après quelques longs et derniers échanges. Ils travaillent le lendemain et j’ai encore de nombreux secrets que je souhaite percés vis-à-vis de cette ville de Rio de Janeiro qui m’a déjà un peu gagné par son charme.
Je profite des éclaircies du matin, le lendemain, pour découvrir les plages de Flamengo et la vue imprenable sur le «Pain de Sucre». Cette ville est un vrai paradis pour les personnes qui aiment la nature mais aussi pour les sportifs. Il est tellement agréable de courir le long de la plage selon mon point de vue. Vincent habite à moins de 3 minutes de la plus proche. Le temps n’est pourtant pas le meilleur pour les activités en pleine air. Je vais donc me diriger vers le Nord pour découvrir le centre de business, historique et l’architecture de la ville très disparate et sans vraiment d’homogénéité.  Je vais visiter le musée d’histoire de la ville et du pays, ainsi que le musée d’art contemporain, Ces deux visites me permettront de comprendre un peu mieux comment ce pays s’est construit, quels sont ces principales ressources et pourquoi ce pays multiculturel a ainsi évolué, et pu se modernisé très rapidement ces dernières années.  Ils retracent aussi les clivages qui vont se créer entre les différentes classes de population, et qui sont encore très présente à ce jour même si l’esclavage n’est plus d’actualité. Me dirigeant à l’aide du plan touristique obtenu deux jours auparavant, je vais découvrir la cathédrale, des églises aux charmes particuliers, la bibliothèque municipale, le théâtre principal de la ville, le palais de justice…  Dans le centre d’affaire, je vais voir de nombreux hommes et femmes d’affaires, en costard cravate ou tailleurs, s’afféraient dans des rues et trottoirs ultra-bondés. 

La soirée va être des plus agréables. J’ai en effet repris contact avec plusieurs anciens collègues de DCNS. Nous retrouvons, avec Vincent, Pascal, avec qui j’ai beaucoup travaillé lors de mes mois passés à œuvrer pour la construction des sous-marins français au Brésil. C’est intéressant de se replonger dans les réalités du monde du travail, et des contraintes imposées par ce dernier. Je suis curieux de savoir comment le projet a évolué et nos discussions m’apporteront des réponses pour nombres de mes questions. Pascal est une personne au grand cœur. Si jamais, je devais un jour retravaillé pour DCNS, ça serait un grand plaisir de joindre de nouveau nos efforts pour arriver à faire avancer des projets dantesques, dont on a l’impression parfois d’être que de simples pions.  J’aime pourtant le fait que Pascal soit un vrai électron libre dont le rôle principal n’est pas de respecter à la lettre toutes les directives. Il doit plutôt de trouver les solutions les plus adaptées aux réalités du terrain pour que le projet puisse avancer, et non s’embourber dans des lenteurs administratives et bureaucratiques. Ces dernières sont compréhensibles car lié à la sécurité et au Secret Défense, qui sont de rigueur dans ce type d’industrie. 

Je reposerais un peu les pieds sur terre lors de cette soirée. Cela n’est pas pour me déplaire. Je suis sûr que je reprendrais avec plaisir le travail quand mes rêves et projets en prendront le chemin. Pour l’instant je garde l’insouciance du voyage et compte bien rester sur mon nuage les prochains mois…
D’ailleurs, l’escapade du week-end va immédiatement me replonger dans une belle réalité où tout n’est que plaisir. J’ai été invité sur le bateau H20 de Luise et Victor. Avec Vincent et Chris, nous prendrons la route, tôt le samedi matin, pour rejoindre, à une heure et demie, au Sud-Est, la ville d’embarcation pour «Ihla Grande». Cette île est vivement conseillée à la visite pour les touristes. Pouvoir la découvrir en voilier va rajouter une dimension magique. 

Cela me replonge dans les bonheurs que j’ai pu vivre à bord d’embarcations dans le Pacifique. L’expérience sera autre mais aussi agréable.  Après avoir pris le ferry pendant plus d’une heure pour rejoindre cette île, libre de tout véhicule motorisé, nous rejoignons les deux compères sur le ponton. Ils sont là pour nous accueillir. Après avoir fait de rapides courses au supermarché du  village Abraao, nous embarquons sur l’annexe pour rejoindre leur voilier. Quelques minutes plus tard, nous avons déjà hissé la grande voile et nous prenons le large pour gagner des criques plus sauvages.  Le vent n’est pas très fort mais il nous permettra tout de même de rejoindre notre destination. 

Nous découvrons une côte découpée et de très belles criques. Nous larguons l’ancre dans une qui est réputé pour sa couleur bleutée après avoir pris le déjeuner dans la baie précédente. Le gris du ciel en cette fin d’après-midi ne nous permettra pas d’en avoir ces magnifiques reflets. Mais les prévisions météorologiques pour le lendemain et le baromètre nous laissent très confiants.

Le temps est venu de prendre un apéritif. Nous ne pouvons être, en week-end au brésil, dans des conditions paradisiaques, sans déguster la fameuse Capairinha. Les verts vont s’enchaîner et la soirée va passer très vite. L’ambiance est au beau fixe sur le bateau et le film de fin de soirée ne sera pas visionné par beaucoup d’entre nous. Pris par le sommeil, et en position allongée, je me suis de mon côté endormie dans les premières secondes. 
En revanche, je serais le seul sur le pont pour assister à un agréable lever de soleil. Tout le monde émergera petit à petit à partir de l’heure suivante. Nous allons avoir la chance d’assister à un vrai spectacle alors que nous finissons notre petit-déjeuner. Un banc de dauphins, en chasse, va passer très près du bateau. C’est un véritable show pendant quelques minutes. 

Les nuages matinaux ont disparus très rapidement. Il est alors très agréable de se mettre à l’eau et de profiter de l’équipement de plonger, présent sur le bateau, pour aller admirer les fonds-marins ainsi que la faune. 

Nous profiterons ensuite en toute tranquillité de ces eaux bleus turquoises. Avant le déjeuner, un vendeur en barque viendra nous vendre de très belles crevettes. Ces dernières seront les bienvenus pour compléter nos assiettes et agrémenter le repas.  

Reprenant la mer, nous ne fuyons pas vraiment les bruyantes embarcations touristiques qui envahissent la crique, quoi que? Ceux sont pourtant nos obligations qui nous poussent à rentrer vers la ville. En effet, le week-end est déjà fini et il n’existe qu’un seul ferry qui regagne la terre ferme en fin de journée. Chris et Vincent travaillant le lendemain, nous n’avons pas vraiment le choix.  Le vent s’est levé. Les deux heures de navigation penchées à plus de 30° seront un vrai plaisir. Le monocoque file à pleine vitesse sur une mer assez calme. Nous allons très facilement regagner la zone de départ du ferry à temps. Nous laissons alors nos deux hôtes du week-end sur l’île. Luise et Victor vont continuer leur expérience génialissime et leur descente vers le Sud. Quant à nous, nous rentrerons en milieu de soirée à Rio où il me reste encore de nombreuses et belles choses à découvrir. 
En ce lundi 21 Octobre, le temps est splendide. Le ciel bleu azur a fait son apparition en ville. Je vais donc en profiter pour me rendre dans les principaux sites qui requièrent si possible le beau temps. Retournant dans le Parc Lage, je vais trouver le sentier qui traverse la forêt et monte de façon abrupte vers le sommet du Corcovado. Cette balade matinale à travers une forêt tropicale dense va me réserver de belles surprises. Je vais pouvoir y observer un magnifique toucan, de couleurs différentes que ceux, que j’avais pu observer jusqu’alors. Je vais aussi tomber nez-à-nez avec un serpent arboricole de couleur verte. Après un peu plus d’une heure d’effort, de monter à travers des chemins de terre glissant et parsemés de racines, j’atteints la plateforme contenant le très fameux Christ du Corcovado. La vue imprenable sur toute la ville y est sublime. 

Ce paysage découpé, face à la mer, avec ces plages infinies, m’inciterait assez facilement à passer quelques années sur place.  Mais c’est pour l’instant en voyageur au long cours que je découvre et profite des lieux. Je vais rester de longues heures sur les sommets, profitant du changement des couleurs, de clarté, de luminosité sur la ville. 

Redescendant ensuite par le même chemin en ville, je vais faire découvrir un cimetière intéressant avec de très belles constructions, faire le tour du lac situé à l’ouest d’Ipanema avant de rejoindre ce quartier. La plage est maintenant pleine de badot, de locaux venus profiter de belles conditions météorologiques. Le mythe des magnifiques femmes en bikinis tombe rapidement. Il y a en effet de nombreuses femmes portant ce petit bout de tissus mais l’apparence physique est très loin de mes standards de beautés. L’accès de ce pays à la consommation de masse n’a pas fait que des bonnes choses au niveau sanitaire. Je peux néanmoins zyeutés quelques très belles femmes, aux formes alléchantes.  Sur la plage, les activités sont diverses. De nombreuses personnes jouent au foot, aux raquettes, se baignent dans une eau bleu turquoise très animée avec de puissants rouleaux. D’autres personnes un peu moins actives, se reposent, bronzent, discutent à l’ombres des parasols ou sirotent diverses boissons. Je vais continuer à longer la côté atteignant ensuite la très fameuse plage de Copacabana. Elle est effectivement superbe. Les infrastructures sont à la hauteur de sa réputation. Continuant ensuite encore plus loin à pied, je vais devoir passer un tunnel, sur un petit trottoir très peu entretenu, pour  passer en-dessous d’une de ces fameuses collines. J’atteins alors la plage de Botafogo pour le coucher du soleil. Notre soirée sera assez calme, profitant du salon immense de l’appartement. 
Le lendemain et surlendemain, je vais continuer à découvrir, un par un, les recoins de la ville. Je vais me rendre sur des marchés, dans un quartier très agréable, celui de Santa Teresa, sur les hauteurs de la ville. Je repasserais dans des lieux visités et découvrirais alors cet environnement urbain sous un autre œil.

Le summum de ces deux jours se déroule le mercredi 23 soir. Nous nous rendons avec Vincent dans le très célèbre stade de football de Maracaña. Nous allons assister au match retour de coupe du brésil entre Flamengo et Botafogo, deux clubs de la capitale. L’ambiance va être survoltée. Vincent qui y vient toutes semaines n’a jamais connu une telle ferveur et un stade aussi rempli. Nous allons obtenir des places dans les tribunes réservés pour Botafogo, que Vincent supporte. Le Match ne sera pas d’une grande envolée surtout du côté des joueurs que nous supportons. La sanction va très vite tombée avec un premier but de Flamengo. A la fin des deux mi-temps et 90 minutes de jeu la sanction est sévère : 4-0 pour Flamengo. Botafogo est éliminé sans les honneurs de la coupe du Brésil. Pour ma part, cela ne m’affecte pas vraiment surtout que j’ai pu assister à un vrai spectacle dans une ambiance qui me prend encore aux tripes par le simple fait d’y penser…
Sous les conseils de différentes personnes, dont Vincent, je m’apprête à partir randonnée dans les montagnes environnantes. Ainsi va se finir ce deuxième cours séjour sur Rio. Mais ça ne va être pas le dernier! En effet, je laisse de nombreuses affaires qui ne me serviront pas pendant ce trek chez Vincent. Le jeudi matin, je pars assez tôt pour rejoindre la gare routière principale. De là, j’achète un billet pour la ville de Petropolis, ancienne résidence d’été de la Royauté. Malheureusement, le prochain bus ne part qu’une heure plus tard. Le trajet passe très vite. Les paysages changent et rapidement nous prenons de l’altitude. Arrivés sur place, j’apprends au centre touristique, qu’il faut encore que je prenne deux bus et que je marche une quinzaine de minutes avant enfin d’arriver au départ du parc national Serra Dos Orgaos, endroit où je pourrais commencer la fameuse randonnée de 2 à 3 qui relie Petropolis à Teresopolis. J’ai bien fait de partir à 6h00 de chez Vincent. Je rentre finalement dans le Parc à 13h00. Heureusement aussi que le centre d’information, de la gare routière, m’a donné un plan du Parc. Les rangers n’en possèdent en effet pas. Ce dernier est basique et pas précis mais il va tout de même sérieusement me servir en début de ce trek.  Je vais pouvoir être sûr de partir dans la bonne direction quand un croisement se présente. Je vais faire quelques détours souhaités, pour aller trempés les pieds dans un trou d’eau, ou voir deux cascades différentes. Les paysages sont très beaux, très bien préservés. Après avoir terminé la partie développé de ce côté du parc, je commence la traversée à proprement parler. Les indications sont déjà presque inexistantes. Peu importe à ce moment, il n’y a pas deux chemins différents à suivre. 

Après un peu plus de 2h30 de montée, après avoir admirer des paysages vallonnés splendides depuis des points de vue dominant toute la vallée, je me rapproche sérieusement du premier sommet et de l’indication concernant le premier refuge. En effet quelques minutes après avoir que j’ai atteint un premier point culminant, j’arrive à un refuge. Le gardien vient à ma rencontre. Seulement deux brésiliens et leur guide sont arrivés quelques minutes avant. Ils sont en cet instant sur des rocheux très volumineux sortis de nulle part et dominant la région pour admirer la vue. Ils se trouvent seulement à quelques encablures du campement où je vais m’installer. Je vais très vite installer ma tente avant d’aller profiter des dernières lueurs de la journée. Le coucher de soleil sera sublime. Les couleurs et la brume montante rendent alors les paysages un peu surnaturels. Une fois la nuit tombé, depuis le point de vue principal, je pourrais admirer les lumières provenant de la ville de Rio de Janeiro. Me dirigeant vers le camping, les brésiliens m’arrêtent de nouveau au refuge. Très vite les discussions diverses reprennent et ils vont très vite me proposer de partager leur repas avec eux. Au menu ça sera riz, saucisses et petits légumes! C’est un vrai régal, surtout que pour ces deux jours, j’avais prévus seulement des rations de survie ; trois bananes, deux pommes, un paquet de gâteaux et quelques bonbons. Je me coucherais le ventre plein en ayant partagé de très intéressantes discussions… 
Le lendemain, je suis réveillé une première fois par le froid alors que la rosée vient de tomber à trois heures du matin. J’arrive néanmoins à me rendormir et je n’émergerais alors qu’à 5h30, quelques minutes avant le lever du soleil. Les couleurs sont sublimes et le ciel va s’enflammer alors que nous nous trouvons au-dessus d’une magnifique mer de nuage, rendant ce moment magique et unique… J’adore ce sentiment de hauteur, d’avoir une vue dégagée à des kilomètres à la ronde. Mais le fait de se trouver au-dessus de nuages qui se sont accumulés, en basse altitude, pendant la nuit, ajoute un effet très spécial.

Après un petit-déjeuner légé, après avoir plié ma tente et rempli ma bouteille d’eau, je charge le sac sur mon dos et je reprends ma marche en avant.  La journée devrait être assez longue car je pense faire en une journée une distance normalement effectuée en deux par les groupes… je m’aperçois très vite aussi que le conseil quasi obligatoire de partir avec un guide n’est pas anodin. En effet, le chemin est de moins en moins clair. Dans des paysages d’herbes hautes où il est fréquent de passer sur d’énormes dalles de pierre, qui s’étendent sur plusieurs dizaines de mètres carrés, le fait de retrouver son chemin n’est pas toujours évident. D’ailleurs, je vais expérimentés une première fois, moins d’une heure après le départ, cet état de fait.  Je constaterai un peu plus tard que c’est sur un de ces rochers énormes que je n’aurais pas vu le chemin partant vers la gauche.

Il n’y a aucun panneau d’indication et la moindre déconcentration, ou le fait de ne pas regarder de partout, peut être fatal. Une erreur peut parfois être banale. Celle-ci va avoir de lourdes conséquences.  La première est plutôt négative. Je crois en effet voir un possible chemin. Je m’enfonce alors de plus en plus et continue d’avancer vers le bas de la vallée. J’arrive à passer de rocher en rocher. Pourtant la végétation est de plus en plus dense autour. Ces espèces de bouquet d’herbes gigantesques dépassent parfois les deux mètres. Un élément particulier va m’induire définitivement en erreur. A quelques centaines de mètres de l’autre côté, je peux clairement voir le sentier qui monte pour franchir le prochain col. Ce dernier est juste devant moi. Je vais donc continuer à avancer, persistant dans mon erreur et ne décidant pas de faire demi-tour. Je marche maintenant dans ces buissons de plus en plus denses, et de plus en plus imposants. Je tombe plusieurs fois. Je dois jouer avec la terre molle, les bottes de terre d’où sortent ces grandes herbes. Elles me dépassent maintenant en taille et je n’avance qu’avec mon sens d’orientation et l’image figée que je me suis fait avant de descendre. Plus le temps passe, plus je me demande ce que je suis venu faire ici. Ayant le sentiment de pourtant arriver en bas de la pente, je conserve mon positivisme et avance encore. Un élément naturel va définitivement réduire à néant mes espoirs de pouvoir rejoindre le chemin qui est maintenant si proche. En effet un cours d’eau me bloque la route et je ne vois aucun moyen de le franchir sans être détrempé, n’ayant en plus aucune certitude de pouvoir remonter sur l’autre rive qui possède une végétation encore plus dense. Je n’ai alors plus le choix, je dois faire demi-tour.

La remontée va encore plus compliquée mon avancement dans ces herbes énormes. Les efforts sont plus importants. Pour me sortir de la terre molle et réussir à continuer l’ascension, je ne dois maintenant, pas seulement éviter les herbes, mais m’aider de ces dernières pour avancer. Malheureusement, ces herbes très fines deviennent alors très tranchantes. Après plus de trente minutes de lutte, je vais réussir à atteindre quasiment le point de départ où je me suis égarée. Les jambes et principalement les genoux sont bien lacérés. Mais ceux sont les avant-bras et surtout les mains qui viennent de subir le plus de blessures. Mais mes mains sont en sang et je peux voir ce précieux liquide rougeâtre dégouliné le long de mes dix doigts. Par chance, ces blessures ne sont que très superficielles. La coagulation fera très rapidement arrêter le saignement. Avec la sueur qui dégouline un peu partout, ces blessures piquent un peu. Mais rien d’important en vue et cela ne m’empêche pas de pouvoir continuer à avancer. J’espère alors que cette expérience sans conséquence m’aura servie de leçon. Le bon côté de cette mésaventure est que je vais trouver le chemin qui part vers un des points de vue les plus fameux. Le chemin est présent même si parfois très peu clair. La nature ayant repris ces droits, le petit chemin étroit est parfois à peine visible à moins d’être juste devant. Sur les dalles de pierres, des petits assemblages de pierres laissés par des prédécesseurs permettent de s’assurer que je me dirige dans la bonne direction. Je vais atteindre le bord de la falaise. La vue n’est pas présente mais le moment sera tout de même magique. Au-dessus de cette mer de nuage un seul pic submerge. Aurais-je atteint le paradis et finis mes jours sur notre chère planète terre sans m’en rendre compte. Heureusement, non! Mais je fais tout de même face à un phénomène spécial qui me laisse sans-voix.

Faisant marche arrière, après quelques minutes de pause devant ce spectacle, je vais rejoindre le chemin principal de cette traversée. Finalement les deux brésiliens et leur guide me sont passés devant. Ils n’ont pas voulus faire le détour et avance doucement vers le second refuge où ils passeront la nuit. Je les dépasse très rapidement. Après avoir discuté un peu avec eux, je continue d’avancer dans ces paysages sensationnels encore éclairés par un soleil montant progressivement vers le zénith de sa journée. Il est de moins en moins facile de se diriger sur ce chemin qui souvent n’en est plus vraiment un. Heureusement quelques signes de couleur soudés et disséminés sur quelques roches me permettent de m’assurer que je continue dans la bonne direction. Plusieurs fois, je vais sortir du sentier principal m’égarant après le passage d’une rivière à guet, sur des pierres ne possédant aucune indication.  Je ne sais pas si c’est l’instinct, la logique du tracé, ou une très bonne intuition mais j’arriverais toujours à retomber sur la route à suivre ces fois-ci sans jamais de d’incidences sur le plan physique ou mental.

Je vais finalement arriver à la partie la plus technique et difficile du trek. Les nuages sont maintenant presque à ma hauteur, venant même de plus en plus assombrir le ciel et le transformé en une toile grise aux divers tons.  Le premier passage un peu plus technique est en fait l’ascension d’une pente avec un degré d’inclinaison important. Heureusement, un semblant de marches métalliques me facilitera la tâche. Pour ce qui va suivre, mon insouciance, voir inconscience vont me permettre de franchir les prochains endroits difficiles sans me poser l’idée d’abandonner ou de faire demi-tour même si après le dernier dangereux obstacle je me disais que si cela continuer ainsi, je ne pourrais pas poursuivre dans ces conditions. Pour vous mettre dans l’ambiance, voici les dires de Vincent quand je lui raconterais, à mon retour, mon expérience. « Quoi tu as fait la traversée sans guide? Mais c’est de la folie? Il n’y a aucune indication?». « Qu’en est-il des passages difficiles entre les deux refuges?» «En prenant notre temps, et accompagné d’un guide expérimenté je ne me suis pas senti bien!» «Nous avons dus nous encorder pour plusieurs passages très dangereux». «Nous avions avant cela passés nos sacs au guide qui les avaient montés un peu plus haut».

J’attaque alors le premier passage un peu délicat. Le chemin aboutit à un rocher qui forme une petite falaise de plusieurs mètres de haut. La roche est très glissante et les prises peu nombreuses. Je vais devoir descendre prudemment tout en gardant mon centre de gravité près de la paroi malgré la présence de mon sas-à-dos pesant plusieurs kilogrammes. Ce dernier a tendance à déséquilibré sensiblement mon équilibre normal et à pousser un peu plus encore mon centre de gravité vers le vide. Je passerais pourtant ce passage sans trop de difficulté et sans me poser trop de questions. Quelques centaines de mètres plus tard, après avoir passé un superbe passage en forêt très denses et fleuris, j’arrive au pied d’une montagne. Le chemin passe alors vers le Nord en bord de falaise. Ce dernier s’élève rapidement et il va comprendre quelques passages un peu dangereux.  Ils ne sont pas vraiment techniques mais très escarpés et étroits. Il y seulement 1 mètres 50 pas plus entre la falaise rocheuse et le vide. Mon sac-à-dos va alors vraiment devenir un problème lors de deux passages. Il va me falloir escalader deux fois des roches qui font plus de deux mètres de haut. Etant seul, je ne peux pas me débarrasser de mon sac. Personne ne pourra me le donner après mon passage. Je ne peux pas non plus essayer de le soulever pour le poser au-dessus. Je vais être très concentré lors de ces deux passages qui font me donner des sueurs froides. Une erreur de jugement, une mauvaise prise ou le fait de ne pas avoir la force de monter avec mon sac sur le dos pourrait compromettre mes chances de continuer cette traversée.  Les conséquences pourraient être beaucoup plus grave si quelque chose arriver alors que je tente l’escalade l’un ce passage. Je n’ai pas forcément le droit à l’erreur, ni la sécurité d’avoir une seconde chance. Je vais me lancer les deux fois avec détermination. Le premier passera sans problème. Je ne me rappelle plus exactement les instants vécus pour le deuxième. Je me souviens juste avoir passé plus de temps, avoir galéré avec mon sac et son poids et avoir poussé un ouf de soulagement une fois l’obstacle franchi. Un troisième se présentera à moi, mais le fait de pouvoir passer en premier le fardeau que je porte sur le doigt me libérera d’un poids énorme. Quant à l’échelle métallique en fin de parcours, ça ne sera plus alors qu’une simple partie de rigolade.

J’atteints finalement le haut de ce mont d’où une petite ascension part pour obtenir une des plus belles vues de la région. Je ne prendrais malheureusement même pas le temps d’y faire le détour du fait que les nuages ont maintenant envahis le ciel. Je n’ai pas la chance que le temps se soit découvert au cours de la journée. Je décide donc de continuer mon chemin. Je passe très rapidement devant le second refuge, puis j’entame la descente vers Teresopolis. Il reste encore de nombreux kilomètres. C’est pourtant maintenant un jeu d’enfant. Le chemin de randonnée est bien tracé, il est clair et visible, à travers une forêt qui va se densifier et surtout contenir de spécimen d’arbres beaucoup plus haut… Il n’y a aucune raison de se perdre ou de se rallonger la tâche. Le chemin est en majorité en descente. Et je vais pouvoir y découvrir quelques arbres très beaux, ainsi que des cascades multiples et des oiseaux qui m’accompagnent de chants mélodieux pendant ma marche.

Juste un peu après 17h00, je rejoins alors la fin de la traversée à Teresopolis. Je décide tout de même de passer la nuit dans le camping du parc. J’espère en effet avoir le droit à des éclaircies le lendemain pour faire de courtes promenades ayant une vue imprenable sur la chaîne montagneuse qui forme Los Orgaos! En raison de l’humidité, je vais décider de poser ma tente sur du béton près des sanitaires protégé par une toiture. Cela va s’avérer un très bon choix. En effet, il va pleuvoir toute la nuit des trombes d’eau. Je ne sais pas si ma tente en l’état aurait résisté à ces intempéries.

Je plie donc le lendemain la tente sèche après avoir bien dormi grâce à mon petit matelas isolant. La pluie s’est arrêtée mais les nuages sont beaucoup trop bas et chargés pour me donner la moindre chance d’avoir une vue dégagé immédiatement ou dans les prochaines heures. Je décide donc de reprendre le bus après avoir vu quelques bâtiments historiques de la ville. J’arrive en fin de matinée chez Vincent qui est seul. 

J’ai décidé avec son accord de pousser encore un peu plus mon séjour chez lui et dans la fabuleuse ville de Rio de Janeiro.  Etre présent sur place le week-end va me donner l’opportunité d’observer la vie à l’extérieur. Le dimanche sur la plage de Flamengo et dans le jardin qui la borde, il va être impressionnant de pouvoir observer un nombre incalculable de personnes pratiquant un sport. Aux réjouissances : football, tennis, raquettes sur la plage, beach-volley, Capoeira, personnes qui courent ou qui vont du vélo, rollers, gymnastique, développement musculaire sur les appareils… Beaucoup de personnes de toutes âges sont aussi présentes pour profiter la brise marine, de la vue, et de l’ambiance. Elles sont tranquillement assises sur la pelouse ou dans le sable, pendant que de nombreux enfants découvrent la sociabilisation entre-eux. Les marchés locaux seront aussi tous en couleurs avec de nombreux produits frais et des vendeurs qui s’égosillent la voie pour essayer de vendre au mieux leur produit et de prendre le pas sur le voisin qui vend un produit similaire. Nous allons plusieurs fois cuisinés à l’appartement avec des produits frais. Le samedi soir, nous allons être invités à boire un verre avec un de leurs amis qui vient de demander son amie en mariage. Ceux sont des personnes très simples, intéressantes et dynamiques. La soirée suivra cette mouvance et sera donc très agréable. Le samedi soir, dernière soirée, sera un peu plus calme encore!
Je prends le bus le dimanche 29 pour rejoindre la très touristique ville de Paraty, au Sud de Rio. Après plusieurs heures de route, après avoir longé une côte atlantique magnifique, j’arrive finalement dans cette ville de taille moyenne de bord de mer. Ne sachant pas encore où je vais dormir, je vais flâner, armés de mon gros sac dans mon dos et du petit au niveau ventral. La gare routière n’est pas située exactement dans le centre historique. Mais quand j’atteints ce dernier ne bord de mer, je découvre un petit bijou. Toutes ces maisons de style colonial sont blanches et possèdent des touches de couleurs fortes apposées sur les portes et fenêtres. J’arrive à une heure parfaite, le jour d’une grande marée pour constater que lors de la haute mer, cette dernière s’engouffre dans les rues pavées de la ville. La vision proposée est alors intéressante et le décor se prêterait parfaitement au tournage d’un film d’époque.  Je vais finalement trouver un logement dont j’avais vu de très bonnes critiques sur le site internet Hostelworld. Ce dernier se trouve de l’autre côté de la rivière qui sépare la ville, qui plus est en bord de plage.

Après avoir investi mes quartiers dans un grand dortoir de 12, avoir obtenu une carte de la ville et de la région, je retourne faire un petit tour en ville avant d’aller explorer les environs. Je vais y découvrir des paysages de campagne très sympa, de belles cascades naturelles. La plus belle rencontre de la journée sera tout de même avec un groupe de petits singes très curieux et imitateur gestuels, avec lesquels je vais pouvoir rester de longues minutes en face-à-face. Je rentre ensuite à l’hôtel en stop. Je passerais la soirée à discuter avec un couple de brésilien, puis un couple d’anglais avec un jeune fils. L’ambiance est décontractée. Je vais y passer une bonne nuit protégée par une moustiquaire de compétition.
Le petit-déjeuner, sous forme de buffet, copieux et varié, va me permettre de mettre le pied à l’étrier pour le reste de la journée. Je vais faire aussi connaissance lors de ce repas d’une australienne et d’une allemande très sympathiques. J’avais envie de visiter les plages de la région en cette deuxième journée sur place. Je ne prolonge donc pas trop longtemps des échanges intéressants. Je vais me rendre au Sud de la ville. Après un peu de marche, je vais découvrir successivement de très belles plages isolés et protégés par la forêt tropicale dense. La mer y est forte et les rouleaux assez imposant. Malheureusement, le temps très gris de la journée ne me permettra pas de prendre la pleine mesure de la beauté des lieux et de la couleur de l’eau qui doit être sublime quand le soleil vient illuminer cette eau limpide et claire. Je passe néanmoins une très bonne journée à découvrir des lieux naturels très peu fréquentés. De retour à l’auberge, nous continuerons avec les filles la discussion, entamée en matinée. Une fois encore, la journée se sera évanouie telle la neige qui fond au soleil…

le lendemain nous n’aurons pas de neige, ce qui est de toute façon du jamais vue dans ces lieux, mais pas plus de soleil. Au niveau météorologique, je vais vivre, je pense, la pire journée depuis des années. Il a plu à grosses gouttes une bonne partie de la nuit. Il pleut averse quand je me réveille et toute la journée va rester du même acabit. La pluie est forte et dense quand les différentes personnes quittent l’hôtel au cours de la matinée. Nous allons rester seuls avec l’australienne dans cette petite structure. Malgré l’impossibilité de profiter de la nature lors de cette journée pluvieuse à souhait, nous allons passer une très bonne journée. Nous profiterons des deux seuls pseudo-éclaircies de la journée pour aller faire une ballade de  dix minutes aller-retour au fort qui se trouve sur la colline juste au-dessous et nous saisirons l’opportunité de la deuxième pour aller faire des courses en ville. Nous aurions dû tout de même prendre les parapluies que nous proposé le standardiste car nous reviendrons totalement détrempés de cette expérience. Entre échange, jeux, préparation et dégustation de notre repas, nous en oublierons parfois que la pluie n’a pas arrêtée de la journée. En soirée, la pluie s’intensifiera encore de nouveau. Il s’agit définitivement de la pire journée, météorologiquement parlant, de mon voyage. Je vais tout de même bénir les dieux de m’accorder une énorme fenêtre sans pluie à 22h00, alors que je me dirige vers la gare routière pour prendre un bus de nuit, direction Sao Paulo.
Nous arrivons le matin avant 6h00. Cette ville n’est pour moi qu’une ville étape car je n’y reste que pour la journée. En effet, je repars le soir même en direction de Foz de Iguaçu. Après avoir confirmé mon horaire de bus auprès de la compagnie, je laisse mon gros sac-à-dos à la consigne puis je gagne le centre-ville en métro. J’ai auparavant glané des informations au centre d’informations touristiques et surtout obtenu une carte de la ville. Je vais marcher de longues heures pour découvrir en long, en large, et en travers le centre-ville. Je commence par marcher dans le plus grand parc de la ville. Puis je vais petit à petit me rapprocher du centre-ville, passant par l’artère principale bordée de gratte-ciels imposants. Je gagne ensuite le centre historique avec de très beaux bâtiments et une activité dense surtout dans les rues piétonnes et marchandes. Je vais croiser des jeunes sympathiques qui fêtent Halloween, je vais prendre un malin plaisir à découvrir le marché couvert de la ville, puis je rebrousserais chemin vers la gare routière. Je vais encore passer toute la nuit dans le bus. Cela m’importe peu car j’arrive aisément à dormir. Pour des trajets de plus de 10h00 c’est vraiment l’idéal. 
Je ne vois pas passer le temps, je n’ai pas besoin de payer une nuit en auberge, et le lendemain tu arrives directement dans un autre endroit. D’ailleurs cette dernière arrivée est très spéciale. J’arrive ne effet très près d’un lieu naturel que j’ai toujours rêvé de visiter. Ça sera la dernière étape pour cette fois-ci au Brésil mais qu’elle étape! Les chutes d’Iguaçu ont toujours éveillé en moi un sentiment mythique de puissance, de beauté des éléments naturels. 

Je ne vais pas visiter ce lieu seul. En effet, Karine, française, rencontrée en Birmanie a décidé de me rejoindre pour quelques semaines pour visiter la partie sud de l’Amérique du Sud, jusqu’à la Patagonie. Elle aurait dû arriver à Buenos Aires. Mais le fait d’avoir plus de  5 semaines, la pousseront à trouver un billet qui la dépose dans ces lieux à la frontière du Brésil et de l’Argentine. Etant arrivé une nouvelle fois en retard, je vais directement aller la chercher à l’aéroport. Nous ne sommes pas vus depuis plus d’un an et demi, mais j’espère que la complicité qui s’était créée, en 4 jours, lors de notre rencontre se reformera naturellement. Nous avons gardés des contacts sommaires depuis notre première rencontre. Ces derniers s’étaient bien entendus intensifiés lors des dernières semaines en raison de sa venue. 

Elle arrive avec un grand sourire. Pour son premier voyage en Amérique du Sud, Karine arrive dans un endroit magique. Nous allons trouver un hôtel, déposer nos affaires et partir directement visiter la partie brésilienne des chutes. En effet, ils annoncent un temps gris, voir pluvieux pour le lendemain. Or nous voulons profiter du mieux possible de ces lieux. Les informations en notre possession, nous disent qu’une demi-journée est suffisante pour visiter le côté brésilien. Le temps est gris, quand nous nous trouvons à l’entrée de ce site naturel qui est considéré comme une des 7 nouvelles merveilles naturelles de la planète terre. Je suis vraiment existé à l’idée de pouvoir les admirer à travers mes propres yeux et y figer à jamais des images sur mes rétines puis dans une partie cérébrale de ma mémoire. La partie brésilienne est une très bonne introduction à ce lieu. En effet, le circuit obligatoire en bus nous promène à travers la forêt tropicale de cette réserve naturelle et aussi parc national.  Le chemin à pied, en haut de falaise, commence par nous donner une vision globale de ces 275 cascades qui forment un front de plus de trois kilomètres de long. Nous restons déjà figés devant une telle merveille. Puis la promenade va nous faire nous rapprocher de plus en plus de ces chutes. Les animaux de la forêt sont omniprésents. Nous allons pouvoir observer de nombreux coatis, ainsi que beaucoup d’oiseaux parmi lesquels  des vautours, quelques toucans et d’autres au chant mélodieux. 

Nos autres sens vont ainsi être mis à contribution par ces cascades. Cela va commencer par l’ouïe et nos tympans qui vont vibrer pour capter ces sons sourds, produits par l’eau qui chute en flot continue. Nous nous rapprochons encore un peu plus, les pores de notre peau peuvent maintenant sentir la petite brume diffusée par les chutes en raison de la force avec laquelle elles touchent le sol et en raison d’un vent de force assez conséquente. Nos sens seront totalement mis à contribution quand nous passerons sur une passerelle construite au milieu des chutes. Nous sommes alors entourés par les chutes. Elles se trouvent au-dessus et au-dessous. Le bruit est sourd et intense. Nous sommes très vite détrempés en raison de particules d’eau en perpétuelles mouvement dans cet environnement lors de ces conditions météorologiques. Nous allons être vraiment chanceux car après s’être approché à seulement quelques centimètres d’une chute puissante, après avoir fini la promenade, une pluie tropicale forte et intense va s’abattre sur la région. La pluie forme un vrai rideau d’eau qui te détrempe en quelques secondes si tu n’es pas à l’abri. Karine est directement plongée dans l’atmosphère de ce voyage. Le changement est radical pour elle qui habite à Briançon, ville la plus ensoleillée de France, connue pour son atmosphère très sèche.
Après avoir couru, jusqu’au bus touristique, nous allons passer un long moment à éviter les gouttes dans la partie supérieure du bus, ouverte sur les côtés. Cela nous faudra quelques franches rigolades avec les autres touristes. Nous rentrons ensuite à notre hôtel. Nous avons du mal à croire que le côté argentin des chutes est selon la totalité des visiteurs beaucoup plus incroyable et beau que le côté que nous venons de visiter. Nous ne demandons qu’à voir cela dans 2 jours et donc à mettre de nouveau nos sens dans un état de transe intense.

L’aspect gustatif, seul sens qui n’a pas été excité pendant cette découverte des chutes va être mis à contribution lors du repas du soir. Ce dernier est très cosmopolite avec un saucisson français, des légumes, la boisson typique du brésil, la Capairinha, et en désert des tartines de Nutella. 
Cette première journée pour Karine fut intense. Nous nous endormirons rapidement après avoir dégustés tous ces mets. Nous voilà déjà à l’orée de traversée la frontière pour nous rendre au Argentine. J’ai beaucoup aimé ce deuxième séjour au Brésil même si ne fut pas aussi proche de la population que lors de mon séjour pour le travail à Manaus. En même temps, il aurait été difficile de faire mieux. Une chose est sûre, le Brésil est un pays où je viendrais et reviendrais encore de nombreuses fois. Je souhaite vraiment découvrir la partie nord du pays qui est, pour une majorité, la partie la plus belle et la plus intéressante du pays. Je veux aussi y revenir pour assister plusieurs fois et à plusieurs endroits au mondialement reconnu Carnaval. Ce séjour aura encore une fois été un peu trop court mais je me tourne vers le futur proche. Je me régale d’ores et déjà de découvrir l’Argentine, ces paysages grandioses disséminés dans un territoire énorme. Mon expérience, en solo, a pris fin dans ce pays tout en couleurs et je me réjouis de partager avec Karine, les prochaines étapes…