samedi 27 septembre 2014

Kilimandjaro et Safari en Tanzanie

Kilimandjaro, un nom qui résonne dans mon esprit depuis des années! Une ascension que j’ai toujours voulu réaliser dans ma vie… La plus haute montagne en Afrique se situe entre la latitude 2°50’’ et 3°10’’Est, à environ 330 kilomètres au sud de l’équateur, près de la frontière entre le Kenya et la Tanzanie, sur les terres de ce dernier. L’ensemble du massif représente 1688 Km2 et intègre 3 volcans, dont 1 éteint; Shira (qui culmine à 3962 mètres au-dessus du niveau de la mer et qui fut le plus haut des sommets avant qu’il ne s’effondre sur lui-même, voilà plus de 500 000 ans) et deux dormants; Mawenzi (5149 mètres, il n’est plus possible de l’escalader en raison de l’instabilité de ces roches très friables) et le fameux Kibo (5895 mètres qui en fait le plus haut sommet du continent). Ce pic est couvert par la neige et la glace tout au long de l’année, ce qui est un fait assez exceptionnel à cette latitude, si proche de l’équateur (glaciers permanent  présents! Cependant, avec le réchauffement climatique, l’épaisseur et la surface occupée par ces derniers diminue chaque année). Le rêve d’atteindre le plus haut sommet d’Afrique, Uhuru Peak, sur le pourtour volcanique de Kibo, est possible pour de nombreuses personnes lambda. Il n’est pas obligatoire d’être un montagnard chevronné car Kilimandjaro est l’une des plus hautes montagnes au monde, dont on peut atteindre le sommet en marchant. Il n’est pas nécessaire de posséder des équipements spécifiques d’escalade ou de protection de la vie, tel qu’un encordement. De nombreuses personnes ayant atteint le sommet considère cette expérience comme une des plus forte et unique dans leur vie… Quand sera-t-il de mon ascension? Quelles impressions ces quelques jours me laisseront? Une chose est sûre, je m’apprête finalement à réaliser un nouveau rêve lors de ce Vol Libre. L’excitation est à son comble avant de commencer l’expérience.
Je suis toujours à Komela, en Tanzanie, sur les pentes de ce massif montagneux mythique, où Chenda m’a invité, à la rejoindre, pour vivre cette expérience unique, loin des routes touristiques. Nous sommes seulement à une heure de marche, par des chemins de terre, de l’entrée principale de Marangu, possédant le centre de gestion de ce parc national. Je passe un moment exquis. En ce début du mois de Juillet, c’est le tout début de la saison dite sèche, qui se poursuivra jusqu’à fin Septembre. Normalement, les jours devraient être complétement clairs mais les nuits fraîches voir glaciales au sommet… Je ne sais pas si je serais chanceux au niveau de la météorologie. Mais, après plusieurs beaux jours à Komela, les 3 derniers jours ont été couverts et ne sont pas forcément de bon présage.  En ce 1ier juillet, il n’a pas arrêté de pleuvoir, et cela commencé dès le milieu de la nuit.

Au cours de la matinée, je me trouve avec la famille autour du feu, dans la petite cuisine faite de bois et possédant un toit en tôle. Nous nous réchauffons grâce à la chaleur des braises et du thé Chai (thé spécifique que nous buvons avec beaucoup de lait et du sucre), que nous sirotons. Un jeune local, Jerome, vient me rendre visite. Ces parents sont les voisins de la famille dans ce village. Il habite lui à Moshi, ce qui lui facilite la possibilité de trouver du travail et des clients. C’est un guide pour l’ascension du sommet. Il saisit l’opportunité de ma présence pour me proposer ces services. Nous échangeons pendant de longues minutes. Ils me présentent les différentes options, dont celle que je voulais faire en premier lieu; la route de Machame. Il me fait un premier devis détaillé de toutes les prestations, qui est bien au-dessus de ce que je veux dépenser, surtout en négociant avec un guide local, en direct, sans passer par une agence… Nous discutons des différentes perspectives envisageables. Une d’entre-elles se détachent rapidement des autres. Le lendemain une personne part pour entreprendre l’ascension par la route Marangu, par l’intermédiaire de l’agence avec laquelle il travaille (obligation de passer par une agence pour réserver l’ascension auprès des services du parc national. Il est aussi obligatoire de prendre les services d’au moins un porteur et d’un assistant guide pour l’ascension finale). Je peux me joindre à elle, pour partager le chef cuisiner qui nous accompagnera. Nous aurons chacun notre guide et Jérôme s’arrange pour que mon porteur, soit aussi le guide assistant. Cela est un moyen de ne pas s’encombrer de trop de personnes et de réduire les coûts. Pour 5 jours dans le parc, les seuls charges pour l’entrée et l’utilisation des huttes s’élèvent, selon à Jerome, à 590$US! Tous les accotés  ne sont pas négligeables. Après avoir négocié le plus possible avec Jerome, qu’il est confirmé le budget avec son directeur, nous trouvons un accord correct qui comprend l’obtention du permis, son salaire, celui du porteur et du chef cuisinier, de la nourriture, de la location de l’équipement personnel tels que les vêtements chauds et le sac de couchage pour résister à des conditions climatiques particulières… Je me dois d’ajouter alors 300$US. L’addition est salée mais très peu de personnes paient ce prix pour effectuer cette ascension. J’aurais le temps de revenir sur ce sujet un peu plus tard. L’accord est trouvé, je lui donne l’argent que j’avais judicieusement récolté à Dar-Es-Salaam, sans savoir que cela me serait tellement utile, si rapidement. Mon intuition était bonne et elle me permet d’obtenir une ascension du Kilimandjaro à un prix imbattable… Je n’aurais pas pu partir le lendemain, si je n’avais pas retiré cet argent, que j’ai changé en dollars dans la capitale. Je ne fais habituellement jamais cela. Je ne me promène jamais avec des grosses sommes d’argents mais après la collecte d’informations sur internet, je m’étais dit que cela aurait pu être utile, mais pas de cette façon!

Le départ est donc prévu le lendemain. Je passe une journée au calme. L’accalmie pluvieuse n’arrive finalement qu’autour de 16h00. Juste le temps de profiter un peu à l’extérieur avant que l’obscurité vienne clôturer cette journée pas très productive mais préparant un événement que j’attends depuis longtemps. Réveiller de bonne heure, en ce mercredi 2 juillet, première jour de mon ascension, je suis un peu sceptique. Les averses sont constantes, en ce début de matinée. Heureusement, elles s’atténuent fortement à partir de 8h00, heure prévue du départ. Nous partons finalement seulement à 9h00, sous quelques gouttes. Il s’agit alors d’un simple crachin rafraîchissant.  Philibert, l’amie de la famille, est mon porteur attitré, jusqu’à l’entrée de Marangu et du parc national de Kilimandjaro. Nous récupérons sur place les derniers éléments de mon équipement de montagnard. Il s’agit de chaussures de randonnées, des chaussettes épaisses, un sous-pull. Puis nous rentrons dans le parc national. Nous entreprenons les démarches au quartier général de Kinapa, situé à une altitude de 1879 mètres. En effet, je dois encore me voir délivrer le permis. L’attente est longue. Je discute néanmoins avec d’autres personnes qui entreprennent aussi l’ascension. Jerome fait des allées et venues entre le lieu de délivrance des permis et le bureau de la compagnie, avec laquelle il a signé le contrat pour que nous puissions entreprendre cette ascension. J’ai une mauvaise surprise au moment de payer les droits d’entrée pour les 5 jours. Le prix n’est pas de 590 mais de 614$US. L’écart n’est pas considérable, au vu de la somme engagée, mais je veux que Jerome comprenne que le client doit être correctement informé. Je ne vais pas non plus insister trop lourdement, car il a obtenu cette information, par téléphone, avec l’agence touristique qui organise la prestation. Je n’aime pas avoir l’impression d’être dupé, surtout concernant l’aspect financier pendant ce voyage, où je dois gérer mon budget au mieux. Je n’ai aucun problème à dépenser de grosses sommes pour réaliser certains projets fous ou rêves, mais j’aime toujours prendre ma décision et négocier avec les bonnes données d’entrée. Bref, cela va me trotter dans l’esprit pendant quelques minutes après que j’ai appris la nouvelle et régler à l’aide de ma carte bleue visa premier.

11h00 a sonné depuis de longues minutes. Nous sommes en règle. Nous avons tous les autorisations et papiers à notre disposition pour commencer l’ascension. La pluie a totalement stoppée mais des nuages, denses et bas en altitude, ne font pas penser que nous aurons des éclaircies dans la journée. Il n’y a en tout cas aucune raison de se presser! Aujourd’hui, nous n’avons que 8 kilomètres à faire pour rejoindre les premiers abris en bois de Mandara. Je pars pour découvrir certaines beautés naturelles de cet environnement unique. Après s’être effondré le pic de Shira a créé un plateau d’une beauté visuelle incroyable. Il est composé de terres herbeuses avec une grande concentration de fleurs géantes endémiques du nom de Giant Scenecio et Lobelias. Il est même possible de voir certains des grands mammifères migrateurs que sont les Buffalo et les éléphants.
Lors de cette première étape, nous entrons dans une forêt tropicale humide et dense de montagne. Elle forme une large bande qui encercle l’ensemble du pourtour de la montagne entre 1800 et  2800 mètres. 96% de l’eau générée dans la région du Kilimandjaro provient de cet espace. Cela expliquant facilement pourquoi, nous nous trouvons pendant toute cette première journée dans la brume et une fine pluie presque continue. Les cours et les chutes d’eau sont nombreux. Les arbres et le sol sont couverts de mousse. L’humidité est omniprésente, les odeurs multiples. Il est agréable et facile de respirer.  Nous prenons, doucement mais sûrement, de l’altitude, à travers de petits chemins étroits de terre et de pierres.

Je profite de l’instant mais je me rends définitivement compte que mes pensées s’entremêlent. Je pense au fait d’avoir saisi cette opportunité, le fait que je voulais partager cette expérience et que je me retrouve finalement seul avec mon guide, que j’ai payé plus cher l’entrée que ce qu’on m’avait promis… C’est impressionnant de voir que mon esprit ne s’arrête pas de travailler de jour comme de nuit, surtout quand certaines choses me contrarient, même parfois pour des détails. Le positif de ce trait de caractère est présent car il me permet de rebondir, d’apprendre, de ne pas commettre les mêmes erreurs. Mais j’ai vraiment besoin de relativiser, surtout quand il s’agit d’éléments que je ne peux pas contrôler et dont je ne suis pas responsable. Il est important que je ne prenne pas tout et rien trop à cœur, que «je ne fasse pas une montagne» de petites choses insignifiantes qui vont simplement me pomper mon énergie sans être constructives… Je me rappelle alors les paroles de Jerome de la veille et de la matinée: «No panik!», «don’t think to much!», «Everything will be allright!» (Pas de panique! Ne pense pas trop! Tout va bien se passer). C’est une certitude, je ne suis pas paniqué. En revanche, il a parfaitement senti les choses, il a lu dans mon esprit concernant le fait que je me pose mille et une questions. Je ne suis pas complétement serein.  L’analyse est simple. Depuis plusieurs jours, j’ai un peu de fièvre, la diahrée et malgré le fait que je dorme beaucoup et mange correctement, je me sens fatigué (je vais apprendre quelques semaines plus tard la raison de ce dérangement physique). De plus, la nuit, je fais de nombreux rêves et cauchemars, jouant sérieusement avec mon inconscient, et regroupant un nombre incalculable d’idées et de problématiques personnelles que je dois mettre bout-à-bout. Mais la principal raison de ce doute, qui s’est insidieusement installé en moi, concerne mon aspect physique. Je ne suis habituellement jamais malade. Je ne sais donc pas ce que c’est de ne pas être à 100% de mes capacités. Pouvant tout de même faire les activités quotidiennes, je n’ai pas pris conscience à quel point cela pouvait m’affecter. C’est encore plus le cas alors que je m’apprête à gravir un sommet qui m’a toujours fait fantasmer et que l’échec n’est alors pas envisageable, surtout dans ce genre d’activités. Je suis confiant mais sans aucunes certitudes. Cet état de fait joue avec ma quiétude et mon inconscient.  Le  chemin est encore long pour atteindre la sagesse. Je vais devoir travailler, d’une façon ou d’une autre, sur certains points en particulier, qui m’affectent plus que d’autres… Bref, les mauvaises idées s’effacent petit à petit de mon esprit. Le meilleur moyen, que j’ai trouvé, pour laisser ces idées derrière moi et ne pas les ressasser, est d’être occupé. Il y a de quoi faire sur ce chemin.

Je commence par poser des questions à Jerome sur cette montagne, l’environnement, les plantes…Cette région est l’habitat d’une des espèces la plus fameuse de ce massif, l’endémique Impatiens Kilimanjari, que je vais pouvoir observer à la montée comme à la descente, dédicaçant bien entendu cette vision à ma maman.  Je découvre aussi d’assez près la faune de cet écosystème. Le singe Colobus noir et blanc va être une des plus belles rencontres. Il possède un physique que je n’avais encore jamais observé chez cette famille animalière. Il est pourvu d’une longue queue et de très longs poils. J’ai la chance de les observer plusieurs fois dans la journée. Je revois le Blue monkey (singe bleu) que j’avais déjà rencontré dans la forêt à Zanzibar. Son nom provient de la couleur de son pelage sur le dos. Puis je fais la connaissance d’autres espèces vivantes dans ces lieux…
Vers 1h00, nous arrivons au point désigné pour le déjeuner. J’y fais la connaissance de Malou, une danoise, qui vient de s’installer avec son guide. Après avoir fait les présentations, nous décidons de manger tous ensemble. J’apprendrais seulement le lendemain matin, qu’il s’agit de la fille avec qui nous partageons le même chef cuisinier et avec qui je pensais entre-autre faire l’ascension. Nous passons un moment agréable à discuter de différents sujets dont un principal; le voyage, comme habituellement avec ce type de personnes. Le pique-nique préparé est complet et bon… Le reste du temps, avec Jerome, nous allons être seuls sur le chemin de randonnée. Cela me surprend dans le bon sens du terme car on m’avait dit que la fréquentation des lieux pouvait être monstrueuse et que l’ascension se passait parfois en file indienne interminable. Nous sommes très loin de cet état de fait. Nous ne croisons qu’un grand groupe de Coréen, dans la descente, qui finit aujourd’hui son périple. Nous atteignons ensuite, très vite, le premier bivouac de Mandara, situé à 2720 mètres d’altitude. 
Après mettre installé dans ma cabane en bois, en forme de tipi, avoir dégusté un chocolat chaud, nous reprenons la marche, pour 15 minutes de plus. Nous découvrons le cratère Maundi. Jerome me dit que lors d’un jour clair, ce cratère procure une vue panoramique sur les lacs Chala, Jipe et Nyumba, formés par les eaux dérivant du majestueux Kilimandjaro. Il permet aussi de voir la frontière entre la Tanzanie et le Kenya. Nous ne verrons rien de tout cela aujourd’hui. Nous sommes toujours plongés dans une brume épaisse avec un plafond très bas. Il est intéressant tout de même de voir la différence flagrante de végétation à partir de cette altitude. Cela promet une ballade dans un écosystème totalement différent le lendemain. Lors du retour vers le campement, je peux une nouvelle fois pouvoir admirer le singe Colobus noir et blanc. Je fais aussi la connaissance d’un insectivore, dénommé «Tree hide rock», du fait qu’il est souvent immobile sur les arbres, tel un rocher accroché à ces derniers. La journée touche déjà à son terme. L’obscurité se fait de plus en plus présente, dès 18h00. Nous dînons assez tôt. Nous aurions aimés partager ce repas avec Malou, mais nos guides nous disent que ce n’est pas possible. Nous respecterons cela pour la première soirée. Je fais la connaissance de 3 allemands, attablés juste à côté de moi. Après le repas, je discute avec différentes personnes avant de regagner ma chambre. Je ne vais pas m’endormir tout de suite, fait assez rare me concernant… J’arrive finalement à trouver le sommeil. Me réveillant dans la nuit, j’ai une envie urgente d’aller aux toilettes. Une bonne surprise m’attend à l’extérieur. Le ciel est clair, la nuit étoilée. Je profite alors de ce spectacle pendant plusieurs minutes avant de regagner mon sac de couchage.
Je me réveille bien avant l’heure du petit-déjeuner et quelques minutes avant le lever du soleil. Après mettre habillé, je sors et constate que le temps est toujours clair. Je décide donc de me rendre, seul, au cratère pour avoir une vue dégagé, pensant aussi que cela sera le meilleur endroit pour voir sortir le soleil au-dessus de l’horizon. J’ai fait le bon choix. Dans la forêt, les animaux s’éveillent, les oiseaux chantent. Sur le chemin menant au cratère, j’ai une superbe vue sur les Monts Mawenzi et Kibo. Sur le pourtour de Maundi, je ne peux toujours pas voir ce qui se trouve à plus basse altitude. En revanche, je suis au-dessus d’une mer de nuages. Il n’y a pas mieux pour observer le lever de soleil avec des couleurs changeants en permanence. Après avoir profité de ce lieu et des ces beautés naturelles en silence, je regagne le campement. Quelques minutes plus tard le petit-déjeuner est servi. Au menu porridge, omelette, pain et confitures, fruits et le choix entre café, thé et deux types de boissons chocolatés. J’estime avoir un très bon petit-déjeuner. Je n’ai rien à envier aux autres personnes, prétendantes à l’accession au sommet, et qui ont parfois payés beaucoup plus chers que moi. Je ne me plaints pas, bien au contraire. Je prends un réel plaisir à bien manger, en compagnie des 3 allemands, avec qui les discussions vont bon train. Puis je me prépare ensuite pour la deuxième étape entre Mandara et Horombo, qui ne fait encore que 11 kilomètres.  
Le Mont Kilimandjaro est le support d’une combinaison unique de différentes zones éco-climatiques que je vais continuer à découvrir au fur et à mesure de l’ascension. Après la forêt de montagne, nous entrons rapidement dans des paysages de lande, d’herbes et de bruyères entre 2800 et 4000 mètres. La végétation devient beaucoup plus disperse et les grands arbres disparaissent totalement, ouvrant ainsi l’espace et nous donnant une vue dégagée. Le changement est brutal et radical. Nous allons encore voir quelques animaux en début de parcours dont une famille de singe Colobus noir et blanc. Ensuite, je profite des différents points de vue. Je découvre de nombreuses fleurs dont certaines sont endémiques. Les deux plus connues, présentent dans de nombreux endroits, à ces altitudes, sont les Lobelia et Scenecio. Pendant une bonne partie de cette deuxième journée, nous avons en visuel, un cratère volcanique entouré de savane. Il s’agit du site culturel de Kifinika, qui était sacré pour les locaux Chagga. Ils y ont effectués, pendant des siècles, des rituels et faits des offrandes à ce mont sacré. Je peux l’admirer pendant longtemps lorsque nous nous arrêtons pour le déjeuner. Il est à peine 11h00, mais nous avançons à un bon rythme et rien ne presse. De plus, en montagne, il faut savoir adapter ces horaires de repas. Cela n’est pas gênant de déjeuner tôt, vu que le dîner est pris aussi de très bonne heure. La vue dégagée est sublime. Je vais la connaissance, à ces altitudes, de nombreux oiseaux, qui sont presque les seuls représentants vivants avec quelques petits rongeurs, papillons et insectes. De nombreux corbeaux au cou blanc, sont présents autour de la zone de pique-nique. Malgré leur mauvaise réputation connue en Europe, ils subliment, ici, pour moi, le paysage. Lors de la journée, je commence aussi à voir les Lammergeyer et l’Alpine Chat qui sont deux des oiseaux les plus communs dans ce parc. Nous avons un grand soleil et un ciel d’un bleu pur. Chenda et la famille, à Komela, doivent cependant avoir un ciel nuageux. Nous surplombons en effet, une mer de nuage dense qui stagne au niveau de la forêt tropicale humide, sur l’ensemble du pourtour de ce massif montagneux.
Nous arrivons une nouvelle fois très tôt dans l’après-midi, aux huttes d’Horombo qui se trouvent à 3720 mètres. Nous venons d’effectuer un dénivelé exact de 1000 mètres. C’est le maximum qui est recommandé, entre deux lieux de repos pour la nuit, concernant l’acclimatation à l’altitude. C’est une règle de base primordiale quand on évoque le fait de gravir des montagnes. En attendant, il est encore mieux, pour s’habituer à l’altitude, de monter encore un peu plus haut avant de redescendre. Après avoir pris mes quartiers, avoir bu le thé, m’être reposé, en bronzant au soleil, nous repartons avec Jerome et mon porteur pour découvrir un lieu atypique, dénommé les «Zebra Rocks». Sur le chemin, nous avons une vue imprenable sur le mont Mawenzi. Les Scenecio sont présent par centaines. Je m’éloigne assez régulièrement du sentier pour avoir un meilleur point de vue, photographier les paysages, afin de les graver sur la pellicule. J’aime la perspective d’en obtenir un souvenir impérissable. Dans quelques années, quand le moment vécu présent, ce dernier, me semblera alors si loin, que les souvenirs dans ma mémoire auront fortement fanés, le visionnage de quelques clichés me replongera dans ces lieux incroyables. Après une petite heure de marche, nous atteignons ce site particulier. En effet, en raison de réactions chimiques très particulières entre la roche, l’air et l’eau, la pierre revêt des couleurs alternant entre le blanc et le noir. Je n’obtiendrais pas d’explications très précises concernant cette curiosité naturelle. Jerome est quelqu’un de très agréable, qui fait de son mieux. Pourtant son niveau d’anglais laissant à désirer et ces connaissances sur la montagne encore limitées ne me permettent pas de satisfaire ma curiosité, ma soif de connaissance concernant ce massif montagneux. Certains exemples flagrants me donnent parfois plus envie de lui poser des questions sachant que je n’obtiendrais pas de réponse satisfaisante. «what’s the name again of this animal that’s we saw this morning, the one who spend his time sleeping without movement on the three?” Sa réponse est “Yes” alors qu’il aurait dû me donner le nom de cet animal ou me reposer la question. Autre exemple quand au niveau de ces roches, je vois une fleur flânée, sortant d’un type de chardon. Je lui demande: “what’s the color of this flower when she is not dead?” Il me répond: “No color”. 20 minutes plus tard dans la descente, je vois la même plante, cette fois-ci avec la fleur en pleine maturité. Elle est de couleur violette. Je lui fais alors comprendre qu’il n’a pas correctement répondu à ma question, que c’est important qui améliore grandement son anglais et ces connaissances. Rien de dramatique non plus! Je ne suis pas là pour lui faire des remontrances ou pourrir l’ambiance. Je lui dis avec le sourire mais j’essaie tout de même de lui faire comprendre l’importance de cette problématique qui se pose à nous. Je n’aime pas être frustré et limité dans la découverte d’un environnement, surtout quand je me paie les services d’un guide. Après avoir regagné le campement, j’assiste à un magnifique coucher de soleil, une nouvelle fois au-dessus d’une mer de nuage dense et aux formes lisses et gracieuses. Ensuite, le repas est agréable. Je fais la connaissance d’autres personnes. Nous ne sommes pas nombreux mais assez pour passer d’agréables moments d’échanges. Nous sommes dispersés aux quatre coins de la très grande salle à manger. Je ne l’avais pas exactement programmé. Mais un des guides nous apprend que nous ne sommes pas encore en pleine saison pour l’ascension. C’est le début de la bonne période pour monter au sommet du Kilimandjaro. La période de rush ne commencera que 10 à 15 jours plus tard. Lors de cette période, les deux salles à manger seront pleines et les personnes devront attendre leur tour et parfois un deuxième service, pour obtenir une place. Je suis ravi d’avoir évité cette période. Cela se ressent fortement lors des randonnées, où nous sommes toujours seul avec Jerome, exception faite de quelques personnes que l’on rencontre en sens inverse, et le jeu de Yoyo que nous venons de faire avec Malou les deux derniers jours. J’aime vraiment le fait de pouvoir aller à mon rythme, de profiter des paysages,  de ces lieux dans le silence.  Qui plus est, il y a tout de même assez de monde au campement pour passer un bon moment, une fois la journée de marche terminée.
En ce 4 juillet, je suis une nouvelle fois réveillé de bonheur. Levé à 6h00, je me couvre correctement. Les nuits sont fraîches à cette altitude. Puis je pars me promener. Je suis le seul déjà debout. J’essaye de trouver le meilleur point de vue pour admirer le lever de soleil. Un vallon m’empêchera de voir ce dernier se lever directement au-dessus des nuages mais j’ai, en contrepartie, une belle vue sur Mawenzi et Kibo. Le petit-déjeuner, avec la vue sur la mer de nuages, est superbe. Nous entreprenons ensuite la marche de la journée. Je sais, une nouvelle fois, que je peux prendre mon temps car nous n’avons que 9 kilomètres à effectuer (loin des 40 kilomètres ou plus que j’ai déjà effectué en une journée de marche). Nous atteignons rapidement 4000 mètres. Nous quittons alors les landes («Grassland»), pour atteindre le désert alpin. La végétation devient rare. Seulement quelques plantes s’adaptent, ici, à des conditions climatiques très dures. Le paysage est pratiquement que du sable avec quelques rochers, qui donne un vrai aspect lunatique. J’ai finalement une superbe vue sur le cratère de Kibo et sa forme rectangulaire, la seul image que j’avais en tête concernant Kilimandjaro. Concernant cette vision ancrée dans mon esprit, il s’agit de la vue la plus fameuse, depuis la savane du parc Amboseli, au Kenya. Ceux sont les photos prises avec les animaux, et en toile de fond le Kilimandjaro et ces neiges éternelles (diminuant malheureusement comme neige fondant au soleil). N’ayant pas d’idées précises à quoi je devais m’attendre, je suis surpris un peu plus chaque jour des paysages et de ce que je découvre. Je peux maintenant par exemple admirer l’autre face de Mawenzi. Après avoir passé un petit col séparant ce dernier et Kibo, nous arrivons sur un grand espace plat avec différentes couleurs de roches. Elles ressortent parfaitement avec l’éclairage naturel du soleil. 
Voici venu le temps du déjeuner alors que nous avons en visu le campement de Kibo. Il est à peine 11h00. Une fois encore, le repas est simple, diversifié et bon. Après une petite sieste, quelques photos, 30 minutes nous suffisent pour atteindre la destination finale de la journée et l’altitude de 4700 mètres. Nous aurons passés moins de 3h30 au total à marcher. Cela  inclue les nombreux stops, le déjeuner, les prises de photos, le fait d’admirer le paysage. Nous avons aussi remplis nos gourdes au dernier point d’eau potable, dans un petit ruisseau où l’eau était cristalline. Arrivé à midi, j’obtiens l’aval de Jerome pour me balader autour du camp seul.  Pour l’acclimatation, je commence donc la montée vers le sommet. Ne voulant pas que mon guide est des problèmes, car je ne respecte pas les règles, je décide de m’arrêter après de longues minutes d’ascension. Je viens de monter sur un terrain glissant, fait de petites pierres roulantes volcaniques, que j’emprunterais de nouveau dans quelques heures. J’ai sûrement pris encore 300 mètres d’altitude et atteint les 5000 mètres d’altitude. Je suis heureux de n’avoir pour l’instant encore aucun effet fort dû à l’altitude. Je me sens en pleine possession de mes moyens. Cela me donne des ailes et une attitude plus que jamais positive. Un Tanzanien monte en utilisant le même chemin. «A quelle sauce vais-je être mangé?» Est-ce un des responsables du campement qui vient me chercher pour me dire qu’il est interdit d’escalader seul? Quelles vont être les conséquences? Aucune, il grimpe juste pour atteindre un endroit où il aura de la réception pour son téléphone portable! C’est simplement ahurissant et incroyable qu’il puisse trouver du réseau à cet endroit. La téléphonie est maintenant arrivée dans les endroits les plus improbables dans le monde. Il n’y a définitivement plus de frontières, plus de limites pour ce mode de communication. C’est un guide d’un groupe d’américain! Nous commençons à échanger sur différents sujets. Je m’aperçois que son niveau d’anglais et très bon. Il possède de nombreuses connaissances sur cette montagne. 14 ans d’expériences et une envie de s’améliorer quotidiennement l’ont amené à un niveau bien supérieur à la moyenne des guides et accompagnants de touristes dans cette région du monde. L’échange est très intéressant. Je l’accompagne encore un peu plus haut, à un endroit où il capte correctement. Il reçoit quelques messages, en vérifie le contenu. Nous admirons un peu le paysage, profitons des lieux, avant de redescendre vers les huttes de Kibo…
Dans un endroit à l’abri du vent, protégé par une barre rocheuse, je profite de la chaleur procuré par le soleil. Malou m’y rejoint quelques minutes plus tard, avant que deux autres jeunes se joignent à nous. Nous entreprenons une discussion. Hugo et Arthur sont français. Ceux sont des cyclistes qui viennent de commencer leur périple africain, à Nairobi, après 2 mois en Asie. Ils prévoient de descendre jusqu’en Afrique du Sud. Je ne vois pas l’après-midi passer. Il est 17h00 et voilà déjà arrivé l’heure du dîner. Au menu: soupe et spaghettis! Vraiment très tôt, non? L’explication est simple: dans seulement quelques heures nous entreprenons l’ascension finale. Je me prépare pour le lendemain. Je sors et je vais utiliser les affaires les plus chaudes. Je mets les premières couches dans mon sac de couchage pour les conserver au chaud toute la nuit et ne pas mettre des affaires gelées en plein milieu de la nuit. Je fais ensuite ma petite toilette pour supprimer la sueur de la journée et passer une meilleure nuit. J’utilise la fin du thermos d’eau chaude, prévu pour le thé, mélangé à un peu d’eau froide pour effectuer cela à l’extérieur. Je pense toujours à mon papa dans ce cas-là, à l’histoire qu’il nous comptait, quand nous étions jeunes, concernant l’armée. Il nous a toujours dit que même s’il faisait froid dehors, que la perspective de se laver, avec de l’eau froide ou tiède, nous frigorifiait par avance, il est bien plus intelligent de le faire. En effet, quand tu marches et faits des efforts, tu as obligatoirement de la sueur qui se crée et se forme sur ta peau. Le fait de se laver et de mettre des vêtements propres permet d’éliminer cette dernière. Au contraire, sinon, par un temps froid, la sueur et l’humidité sur le corps vont se refroidir plus rapidement, voir atteindre un point près du point de transformation en petite particule de glace. La personne n’arrivera alors pas à se réchauffer même dans un sac de couchage de bonne qualité. Elle passera probablement une nuit horrible. C’est ce qui s’est passé plus d’une fois pour mon papa et un de ces collègues, lors du service militaire, que l’on prenait pour des fous quand ils se lavaient à l’extérieur alors que les températures étaient négatives. Mais au final, ceux sont toujours eux qui ont le mieux dormis alors que les autres ont eu parfois froid toute la nuit. 

C’est une certitude, je ne vais pas avoir froid, même beaucoup trop chaud pendant la nuit. Mon rythme cardiaque est anormalement élevé. Une nouvelle fois, les idées s’entrechoquent. Je n’arrive pas à m’endormir… sans savoir exactement pourquoi, car je n’ai toujours aucun signe du mal des montagnes, je ne vais dormir qu’une heure. Les premières personnes dans mon dortoir se réveillent à 23h00, et la majorité à23h30. Après une petite collation avec boissons chaudes, ils partent pour gravir le sommet. Alors que je commençais à m’assoupir pour la deuxième fois, j’ai maintenant les yeux grands ouvert. 
Au vu de mon rythme et de mon aisance jusqu’à présent lors de l’ascension, Jerome m’a dit que je me lève qu’à 1h00 pour partir à 1h30. En effet, il ne faudrait pas que l’on arrive trop tôt au sommet et que nous passions de longues minutes dans le froid, pour rien, à attendre le lever du soleil. Je suis pourtant incapable de me rendormir. Je tourne et virevolte, impatient d’entreprendre l’ascension. Je commence donc à me préparer tranquillement. J’enfile les vêtements techniques des marques Marmot, Jack Wolfskin, ou Aigle Polartec. A 1h10, je n’ai toujours pas de nouvelles de mon guide et de son assistant. Je ne peux pas attendre plus longtemps. Ne sachant pas exactement où ils dorment je crie leur nom près de l’endroit où ils devraient se trouver. J’ai bien fait car ils ne se sont pas réveillés. Je les tires violemment de leur sommeil. Encore une fois le professionnalisme de mon guide, comme beaucoup d’autres pour ce sommet, n’est pas au rendez-vous. Ça ne sera pas la dernière fois… J’ai finalement droit à mon eau chaude pour la collation et les petits biscuits secs. Heureusement le chef cuisinier avait déjà tout préparé pour le départ de Malou. Je n’aurais ainsi pas à attendre un temps infini. Ensuite mon guide ne trouve pas sa lampe torche. Avant le départ, je ne lui avais pas dit que j’en avais une. Il en avait donc prévu une pour moi. Le premier soir quand je lui ai demandé, il ne pouvait pas me la donner car les piles ne fonctionnaient pas. Heureusement, j’avais et j’ai la mienne, que j’ai pu utiliser les derniers jours. Cela veut tout de même dire qu’il n’en a pas prévu pour lui, ni pour son assistant. Comme il ne retrouve pas cette dernière, nous partons, avec une seule lampe frontale, pour trois personnes. De la pure inconscience, un manquement total à son devoir de guide de haute montagne. Que se va-t-il se passer si ma lampe tombe en panne (je vais apprendre après que je n’ai pas été le seul dans cette situation)?

Le temps n’est pas à la réflexion. Cela ne va pas me stopper si près du but. Il est 1h45 quand nous commençons l’ascension. Je rattrape très rapidement les derniers, pour certains partis 2h45 avant moi. En quelques minutes, je suis à la hauteur de Hugo et Artur, partis 45 minutes avant moi. Les deux français, sportifs, faisant de la bicyclette, tous les jours depuis des mois, se plaignent un peu de la lenteur de leurs guides. Ils auront pourtant l’honnêteté plus tard de me dire que cela aura été salvateur, car ils auront souffert pour gravir les dernières centaines de mètres, ou quelques kilomètres les séparant du sommet…

Pour ma part tout va bien! Je dépasse les groupes les uns après les autres. Je profite pleinement de cette nuit étoilée splendide. Le ciel est totalement clair. Même en dessous de nous, la couverture nuage a très largement diminuée. Nous pouvons admirer les lumières des villes du côté Kenyan et Tanzanien. En levant la tête régulièrement, je peux admirer de nombreuses étoiles filantes… Aucune superstition mais j’adore tout de même, pour chacune d’entre-elle faire un vœu! Je trouve cette idée très belle. Cela me permet de penser à des personnes, choses importantes dans ma vie d’homme et d’être humain, qui partage la même planète avec plus de 7 Milliards d’individus, n’ayant pas tous les mêmes opportunités que moi.

Nous avons vraiment de la chance car il ne fait pas froid en ce début de matinée. Le vent est aux abonnés absents. Je ne suis donc aucunement frigorifié. Tout de même emmitouflé, dans mes vêtements techniques avec gants et bonnet, je suis thermiquement parfaitement équipé. Au début de la montée, l’assistant écoute de la musique depuis son portable sans écouteurs. Je sais à quel point cela irriterait Karine, qui a toujours détesté les personnes faisant cela, surtout en pleine nature. A vrai dire, je ne suis pas un grand fan non plus. Au premier arrêt, je lui demande d’éteindre la musique pour profiter des lieux. Je comprends que Jerome lui explique, en Swahili, que beaucoup de clients n’aiment pas cela. Il ne répètera pas cela durant l’ascension. Lors de ces arrêts, pour se reposer et boire, j’éteints ma lampe torche. Je profite du silence, des étoiles, et de ce serpent de lumières et d’individus qui montent progressivement vers le sommet. Même si je n’en ressens pas trop le besoin, ces pauses sont un moyen de profiter pleinement et surtout de ne pas arriver, encore une fois, trop tôt au sommet. Nous ne pouvons pas non plus rester trop longtemps immobiles. Le risque de prendre froid, de nous couper dans notre élan est alors bien présent.

Je continue de monter à mon rythme. Jerome n’est pas au meilleur de sa forme. C’est le guide assistant qui ouvre la marche. J’essaie d’éclairer lui et le chemin le mieux possible. Parfois je le bouscule un peu, pris dans mon élan, quand il ralenti le rythme. Des personnes sont arrêtés sur le bord du chemin; malades, d’autres marchent lentement et doivent reprendre leur souffle tous les 5 pas.

Même en ralentissant pour ne pas arriver trop tôt au sommet, nous arrivons, à 4h20, sur le pourtour du cratère volcanique, à Gilman’s point à 5681 mètres d’altitude. Seulement 2h35, nous aurons suffi pour atteindre le sommet, et prendre encore 1000 mètres d’altitude, en un peu moins de 5 kilomètres. J’ai dépassé la totalité des personnes parties avant moi. Une seule personne est arrivée quelques secondes avant moi! Il s’agit de Malou, partie 1h45 avant moi. Elle ne me reconnait pas immédiatement. Puis elle est surprise: “Howww, it’s the french men how you can be already here and talk like you were doing a simple healthy walk in flat ground?” (C’est le français! Comment tu peux déjà être là et parlé comme si tu faisais une simple promenade de santé sur un terrain plat).

Ce n’est pas une compétition. Je ne pense pas être une personne plus prétentieuse qu’une autre et qui aime me mettre en avant. J’ai toujours préféré apprendre des expériences des autres que de parler des miennes, sauf quand des personnes me posent des questions précises. Mais il est toujours très bon de savoir que je suis toujours en grande forme, malgré les diminutions de mes capacités physiques les derniers jours avant cette ascension. Encore une fois, je prends conscience de mes facilités lors de sports d’endurance, qu’il pourrait être intéressant de les exploiter au mieux, malgré le fait que je ne suis plus tout jeune et que je ne pourrais pas envisager d’en faire une profession. Mais je peux utiliser ces capacités pour des activités plaisir, toujours avec l’idée, tout de même, de faire des performances intéressantes. Je pourrais dire ce que je veux mais je suis tout de même un compétiteur dans l’âme. Lors de cette ascension, je n’aurais même pas effleuré mes limites. Parfois mes pas furent lourds. Je n’aurais pas échappé à quelques glissades me faisant reculer de 2 pas en arrière sur ces petites roches volcaniques. Mais rien qui ne me fasse hésiter ou qui me pousse dans mes retranchements…

Quelques minutes plus tard, la troisième personne arrive. Il s’agit d’une néo-zélandaise. Elle est essoufflé, ne peut pas parler, et soupir de soulagement d’avoir atteint ce premier point. Malou dira alors: «Ah, pfffff, so hard! We all say and feel the same when we arrive here. Only the French man looks so fresh and still talks like normally without needed to find again his breath (Ah trop dur! Tout le monde dit et ressens la même chose quand nous arrivons ici. Seul le français semble parfaitement frais et parle encore normalement sans avoir besoin de reprendre son souffle).” Je considère cela comme un vrai compliment. Quand nous nous retrouverons au campement de Kibo, en fin de matinée, Arthur dira à toutes les personnes présentes une phrase qui m’honorera aussi: «Matthieu, tu es la personne la plus folle et la plus impressionnante que j’ai rencontré pendant toute l’intégralité de mon voyage!» Je ne suis qu’un simple être humain, qui n’est pas en reste concernant le fait de recevoir des compliments et des congratulations, permettant toujours d’avoir un peu plus confiance en soi. Je suis ravi quoi qu’il en soit d’avoir atteint ce premier sommet, mais nous ne sommes pas encore sur le toit du continent Africain!
Les guides veulent que nous allions directement à Uhuru, au plus haut sommet, avant le lever du soleil avant de directement redescendre. Or certaines personnes m’ont dit que le meilleur point pour le lever du soleil est Gilman’s point. En même temps, nous ne pouvons pas attendre 2h00 sur place. Je trouve un stratagème et surtout je pousse Jerome à accepter ce que je veux faire. Nous marchons alors jusqu’à Stella Point qui est le deuxième point le plus haut à 5739 mètres d’altitude. C’est la jonction avec les autres routes, dont Machame route. Nous y passons quelques minutes. Alors que je profite de l’endroit les deux personnes, qui m’accompagnent, s’emmitouflent dans leurs vêtements. Ils essaient de se réchauffer. Nous sommes vraiment chanceux car il n’y a pas une brise de vent glacial. Les températures sont très raisonnables. Je les pousse alors à retourner à Gilman’s point pour pouvoir admirer le lever du soleil. Nous marchons donc 30 minutes dans l’autre sens. Je profite d’un merveilleux lever de soleil au-dessus des nuages, qui se sont densifié. J’ai une vue imprenable sur Mawenzi. Je suis vraiment désolé pour les personnes qui continuent leur chemin vers le sommet, qui ne verront même pas le lever de soleil car ils se trouveront entre deux points de vue. Je suis sur mon petit nuage. Je profite de l’instant, en prenant tout de même quelques clichés pour immortaliser l’instant. Alors que le soleil a maintenant quitté l’horizon, pour s’élever dans le ciel, je peux maintenant voir Uhuru point avec de nombreuses personnes qui ont atteintes ce point ultime. J’aurais pu l’atteindre depuis longtemps mais je suis pleinement satisfait de mes choix. J’ai la certitude maintenant d’atteindre ce rêve alors que la lumière du jour sera assez importante, et non pas comme un autre guide le disait, en Swahili, à Jerome… Oh, il pourra prendre une photo avec le flash et redescendre après! Il n’en était pas question et j’ai bien fait d’affirmer mes envies. Je peux donc profiter autant que je veux de la cinquième zone d’écosystème de cette montagne, que l’on dénomme «Snow Peak» (pic enneigé), où les températures sont en dessous du point de gèle, quasiment tout au long de l’année. 

Nous marchons donc de nouveau vers le sommet. Nous repassons donc devant Stella Point, puis nous entreprenons l’ascension finale avec une pente douce le long du pourtour du cratère de ce volcan endormi. Je peux admirer la neige et les glaciers aux formes gracieuses, mises en valeur et brillant grâce aux rayons du soleil. Un peu plus loin, nous pouvons admirer le sommet du volcan Meru, près d’Arusha, qui apparait au-dessus des nuages. Il est un peu moins de 8h00 quand j’atteins finalement Uhuru Point, à 5895 mètres d’altitude au-dessus du niveau de la mer. C’est un vrai bonheur, un rêve devenant réalité! Après qu’un groupe, présent au sommet, quitte les lieux, nous nous retrouvons seuls. Je prends le temps que je désire. Le soleil embellie le paysage et nous réchauffe. Je déguste les quelques carrés de chocolat que Jerome m’a donné. C’est un moment spécial lors de ce périple. 

Pour certaines personnes, cela restera marqué à jamais dans leur esprit. Lors du temps passé sur le pourtour de ce volcan mythique, je vais voir tellement de moments de vie, de belles scènes, dépassant l’imagination. Une dame s’effondre dans les bras de son guide en pleurant. Elle le remercie d’avoir pu la conduite jusqu’en haut. Beaucoup d’individus se prennent dans les bras, se congratulent. Ils ont été jusqu’au bout de leur limites et même pour certains les ont dépassées! Certaines personnes sont dans un état physique pitoyable. Certains guides sont obligés de les soutenir, voire de les porter pour atteindre Uhuru Peak. Je pense même que parfois cela dépasse l’entendement et la raison. Pour s’assurer de la satisfaction de leurs clients, certains guides sont prêts à prendre des risques sanitaires pour ces derniers, sans avoir les connaissances de juger quelles en seront les conséquences… Je pense qu’il ne faut pas jouer avec la nature! Heureusement en cette journée, la finalité pour chacun sera belle et tout le monde aura des souvenirs à jamais gravés dans la mémoire. Quoi qu’il en soit les sentiments et les ressentis sont exacerbés. J’aime le fait de voir que des personnes sont sorties de leur zone de confort. Elles ont réalisés quelque chose d’exceptionnel, physiquement harassante! Chacun est heureux à sa façon même si, pour certains, il leur faudra plusieurs jours pour récupérer.  
Nous entreprenons la descente après 9h00! J’ai presque passé 5h00 au sommet. Je suis conscient que les conditions climatiques exceptionnelles m’ont permis d’avoir cette opportunité. Nous redescendant en trottinant, ce qui est beaucoup mieux pour les articulations, surtout dans cette forte pente glissante. Je rejoins Hugo, Arthur et leurs guides. Je continue alors la descente avec Hugo en discutant. Nous sommes rapidement de retour au campement de Kibo. Beaucoup de personnes sont exténuées. Elles font une sieste pour récupérer. Je profite du soleil, à l’abri du vent, qui vient de forcir. Puis nous allons avoir un déjeuner très tôt, composé d’une soupe, de pommes de terre avec une sauce de légumes, des chappatis et des fruits. Après avoir changé d’affaire, refait le sac-à-dos, nous redescendons dans l’après-midi au campement d’Horombo. Cette journée aura été la plus longue avec plus de 23 kilomètres et un différentiel de plus de 2000 mètres d’altitude.

Même s’il me reste encore une journée pour profiter de la montagne, je sens qu’une page se referme. Je viens de vivre un moment d’exception et je continue d’en profiter. Lors de la descente, je me rends compte que j’ai aimé la liberté d’être seul pour aller au rythme que je désirais. J’aimerais, néanmoins, dans un futur assez proche, partager ce genre d’expériences avec des proches, des personnes avec qui nous pourrons en parler et reparler, tel un souvenir, des années plus tard, nous remémorant ce souvenir merveilleux. Je me rends compte que le besoin de partager ma vie avec des personnes, qui comptent, commence à prendre le pas sur tout le reste. 

J’ai besoin aussi de discuter avec Jerome. J’ai des choses sur la conscience que je désire libérer et partager avec lui. Je sais la chance que j’ai d’avoir un «Kilimanjaro Low Cost» (un Kilimandjaro à bas coûts). J’ai en effet, pour ainsi dire, les mêmes services que les autres clients. Il est impressionnant de voir les différences. Certaines personnes vont payer plus de 4 fois plus que moi pour vivre la même expérience. Pourtant, je dors dans les mêmes cabanes en bois. J’ai un porteur qui transporte mes affaires personnelles. Je mange, à quelques détails près, la même nourriture en quantité, surtout en qualité et diversité. Une grosse différence consiste dans le fait que certaines personnes ont réservés leur tour depuis leur pays avec un nombre de jours de vacances comptés. Ils veulent interagir avec des propriétaires de compagnie, vivants dans leur pays, avec lesquels ils pensent avoir l’assurance d’un meilleur service. Il faut être réaliste, beaucoup d’occidentaux ont une très mauvaise image de l’Afrique et des Africains, véhiculés par les médias et qu’ils prennent pour une vérité. La peur permet à certaines agences de voyage de gonfler les prix, en assurant leurs riches clients qu’ils seront pris en charge complétement, de leur arrivée à l’aéroport dans le pays jusqu’à ce qu’ils quittent ce dernier. Dans certains cas, pour des gros groupes, il y a même un «leader», qui manège son business, qui vient avec les clients, pour être le lien entre les locaux et les clients, s’assurer qu’ils obtiennent les services et le confort qu’ils ont payés. Cela n’est pas pour moi. Je n’ai pas envie d’avoir ce «luxe» d’être pris en charge totalement. J’ai largement préféré venir par mes propres moyens, expérimenter la vie des locaux et je ne pense pas changer d’aussi tôt même si un jour je devenais un homme riche. Avec Jerome, j’ai même obtenu la liberté de choisir ce que je voulais faire au sommet, d’y rester aussi longtemps que je voulais, même si cela n’avait jamais été demandé auparavant. Si j’en crois les commentaires des autres guides, Jerome avait été vraiment exceptionnel et j’ai été très dur avec lui… Je sais ce que je veux et j’aime encore plus quand je l’obtiens. Lors d’un échange, ces derniers me posent aussi différentes questions. Je leur explique ma situation, que je suis un «sans domicile fixe», que je n’ai plus de travail, pas de maison, pas de voiture, mais que j’ai la chance d’avoir une famille en or, qui me soutient, peux m’accueillir à mon retour, et qu’en attendant j’ai «le plus grand jardin au monde»; la planète entière… et que je suis heureux d’en avoir atteint un de ces plus hauts sommets!

Avec Jerome, lors de la descente jusqu’à Kibo, j’ai commencé à lui dire ce que j’avais sur le cœur. Bizarrement cela va délier les langues. Nous allons discuter comme nous ne l’avons jamais encore fait. Premièrement je lui explique que de nombreux guides, dont lui, ne respectent pas les règles internationales de sûreté pour la haute montagne! Il est inconcevable que nous puissions entreprendre l’ascension dans la nuit, avec une seule lampe frontale pour trois. Il est requis normalement que chaque personne ait au moins une lampe! Le guide devrait même en avoir une de rechange, ou au moins des piles neuves avec lui. Ensuite Jerome et son guide sont montés les mains dans les poches. Ils n’avaient pas d’eau ou un peu de nourriture à grignoter, en cas de fringales, pour eux. Ensuite, une grande majorité des guides montent sans sacs, c’est-à-dire sans trousse de premiers secours, ou autres éléments techniques en cas de blessures, de malaise,… Même si ce ne fut pas le cas pour moi, certains guides poussent leur client bien au-delà de leurs limites, comme je l’ai déjà mentionné, sans tenir compte des conséquences possibles de tels actes. Lors de leur formation, ils ont dû apprendre les règles concernant les maladies dues à l’altitude. Je ne vois pas comment ils peuvent continuer à prendre de l’altitude avec un client, qui n’est plus capable de tenir debout seul. Je ne peux pas admettre que des guides mettent leur vie en danger et encore plus celles de leurs clients. Je dis à Jerome que cela ne me concerne pas directement mais que je me sentirais un peu responsable si je ne fais rien! A Horombo campement, je sais qu’il y a un livre permettant de laisser des commentaires concernant l’expérience vécue. Je le préviens que je noterais tout cela, sans laisser mon nom complet ou le nommer. Au vu du prix journalier dans ce parc national, l’état devrait s’assurer que les règles de bases de sécurité soient respectées… Ensuite, je discute avec lui de son niveau d’anglais, qu’il doit largement l’améliorer. Il est indispensable qu’il soit capable de répondre aux questions de ces clients. Il doit aussi engranger le plus d’informations possibles concernant ce massif du Kilimandjaro, ces spécificités, le nom des plantes et des animaux,… J’aime sa réaction. Il semble motivé pour progresser rapidement. Il me promet que dans deux mois, son niveau aura évolué exponentiellement, que nous pourrons échanger par message en anglais. S’il pouvait tenir cette promesse, ça serait une vraie fierté pour moi, un plus pour lui, pour le service qu’il proposera à ces futurs clients. Je trouve cela drôle car il me dit ensuite que nous devrions travailler ensemble. Selon lui, il a pu constater que je suis très observateur, que j’aime obtenir des connaissances, que je m’amuse à prendre des photos et que je suis quelqu’un qui souhaite que les aspects négatifs soient améliorer. Il pense donc que je ferais un très bon «leader», que nous pourrions créer un partenariat. L’idée étant que je serais en France, que je crée mon site internet, que je puisse trouver des groupes de clients et venir avec eux à leur frais. L’idée est plutôt bonne. Il me donne presque l’envie d’y songer sérieusement! Surtout que je vais sûrement avoir certaines difficultés à revenir à un travail de bureau, assis toute la journée dans mon fauteuil! Je n’en suis pas tout de même au point à commencer les démarches pour mettre en place un tel projet… Nous allons ensuite passer à d’autres sujets. Nous échangeons sur les différences de culture entre nos pays, sur les salaires, les problématiques auxquelles la société est confrontée, le coût de la vie… Le temps passe très vite. Je suis le premier à attendre de nouveau Horombo. Il y a déjà beaucoup plus de touristes sur place, en cette journée. Je dois partager la chambre de 5 lits avec deux amis, une chinoise et un Sud-Coréen, alors que j’avais été seul depuis le début. Cela ne me dérange pas, bien au contraire, car nous allons passer un bon moment à discuter de nos différents parcours. Je passe aussi du temps avec Arthur et Hugo, avec qui j’ai beaucoup d’affinités, et Malou. La salle à manger est cette fois-ci pleine mais, une fois encore, cela n’est pas pour me déplaire.
Le lendemain va définitivement marquer la fin de cette expérience. Nous avons la chance d’assister à un nouveau lever de soleil au-dessus de la mer de nuage. Puis lors de la descente, nous allons très vite retourner dans la brume, avant même d’atteindre la forêt humide de montagne. Sur le chemin, je récolte des plantes que Jerome me décrit comme des médicaments naturels pour traiter les problèmes d’estomac et de diahrée. Après avoir profité de la promenade dans la forêt, de ces merveilles, avoir revu l’endémique Impatiens Kilimanjari, nous atteignons déjà l’entrée principale de ce parc national. Nous finalisons le séjour en repassant par le comptoir d’entrée, où je peux écrire mes commentaires concernant mon expérience et obtenir un diplôme justifiant que j’ai atteint Uhuru Peak, le sommet le plus haut d’Afrique. Je suis agréablement surpris quand Jerome et le guide de Malou, nous invite dans un restaurant local. Nous mangeons un bon repas avec riz, frites, légumes, poissons et une délicieuse sauce. Ils nous paient une bière. Nous passons ensemble un dernier moment agréable. Malou doit ensuite nous quitter. Son chauffeur l’attend pour la ramener à Arusha. Jerome m’offre une seconde bière pour célébrer cette ascension qui reste mémorable.

Le retour à la réalité, à la civilisation aurait pu être dur mais il n’en sera rien dans mon cas. Lors des derniers hectomètres de marche dans le parc national, des groupes de touristes, commençant l’ascension, me félicitent: «congratulations you made it!», et ils m’applaudissent. Puis, dès que je quitte la route principale et reprends le chemin de terre, menant au village, les enfants viennent à ma rencontre, toujours aussi surpris de voir un Muzungo se promener dans les environs. Ils m’accueillent par de grands « Djembo, Djembo» auxquels je réponds par les mêmes mots, pour «Manbo», ma réponse est «Poa», et pour la formule de politesse locale «Shikamo», je rétorque «Marabá». L’émerveillement des enfants est d’une simplicité et d’un naturel à toute épreuve. D’une façon un peu différente pour célébrer, Jerome, comme beaucoup de guides locaux, jeunes ou moins jeunes, aime dépenser son argent dans l’alcool lors du retour au village. Je trouve cela un peu déplorable mais je ne peux pas me permettre de lui faire cette remarque. Nous nous arrêtons donc au niveau d’une cabane en bois, où ils vendent la bière locale, le Bégé, qui est ni plus ni moins que des bananes plantains, qui ont été fermentées. Nous nous partageons deux grands verres d’un litre chacun à quatre. Je ne suis définitivement pas fan de cet alcool, mais je me trempe mes lèvres pour participer à la tournée généreusement offerte. De retour à la maison, je reçois un accueil chaleureux de la part de la famille et de Chenda. Le choc n’est pas si brutal que cela. Je ne suis pas de retour en France dans une grande ville, mais dans un petit village calme, sur un des versants du Kilimandjaro. Nous sommes le 6 Juillet 2014. Je fête donc le début du 35ième mois de voyage lors de ce Vol Libre. Je passe un moment exquis avec la famille. C’est très agréable de s’entendre dire «Feel at Home», « Welcome again», «Feel totally free» (Fais comme chez toi! bienvenue de nouveau! Sens-toi totalement libre!). 


Le lendemain, je retrouve les habitudes d’une vie simple mais agréable des locaux. Nous nous rendons sur le marché local. J’achète des produis frais pour cuisiner pour la famille entière. Le plaisir du partage est total. Je vais aussi y essayer un nouveau fruit exotique que je n’ai jamais eu l’opportunité de déguster auparavant. Lors de notre promenade, avec Chenda, je suis étonné de voir que beaucoup de personnes lui demandent de l’argent, car elle vient de la ville. Ce n’est pas le cas pour moi, à ce moment-là, mais ça le sera dans la famille pour acheter plus de provisions.

J’aime la quiétude des lieux, la beauté des paysages. Malheureusement, comme dans beaucoup de pays en développement, se pose le problème des emballages plastiques et de leur recyclage. Les individus les laissent ou jettent n’importe où dans la nature. Ils jonchent le sol sur le bord des chemins, chez les gens dans leur cour et leur jardin. C’est une pollution visuelle que je ne comprends pas mais c’est surtout, au vu de la quantité, une pollution néfaste pour les sols, bien que dans cette région se soit beaucoup mieux que dans d’autres endroits du continent ou de la planète. Le ramassage collectif des ordures n’existant pas, le seul moyen pour les faire disparaître et de les brûler. Chacun individuellement, à son propre lieu pour effectuer cette tâche qui est malheureusement presque plus nocif, en raison de la pollution atmosphérique, avec la libération de dioxyde de carbone, et la pollution plus importante des sols, avec de petites particules qui se répandent plus facilement un peu partout… Je reste un peu impuissant face à cette situation et cela me désole. J’essaie tout de même de leur apprendre à réutiliser les sacs plastiques fournis par les magasins, à essayer le moins possible d’utiliser ces emballages nocifs… Personnellement, j’essaie quotidiennement de faire de petits gestes dans le sens d’une amélioration de l’environnement.

Sinon le temps passe à une vitesse folle. La moindre action ou activité demande ici un temps infini. C’est le cas quand tu vas chercher les denrées alimentaires, quand tu coupes du bois pour le feu, que tu cuisines, quand tu laves la vaisselle d’une journée pour toute la famille, quand tu laves ton linge à la main, quand il faut chercher du foin, des graines et de l’herbe pour la vache, les chèvres, les moutons et les poules… Les parents ne sont que très rarement à la maison. Ils passent la majorité de leur temps dans leur petit magasin, et ils dorment sur place pour en assurer la sécurité… Je prends plaisir à déguster le Chai, à base de lait, les chappattis que nous cuisinerons plusieurs fois, les bananes plantains cuisinés comme plat principale, les légumes, la canne à sucre, les yaourts fait avec le lait de la vache qui leur appartient, les soupes, riz, patates douces fris, fruits…

Peu de personnes ont accès à l’électricité dans leur maison. C’est le cas de la famille, chez qui je suis, qui n’en est pas équipée. Pour recharger mes appareils électroniques, je me rends chez le couple de professeurs qui habitent à peine à 200 mètres. Nancy, leur petite dernière, âgée de 1an et 8 mois, est un peu effrayée par ma présence. Mais après plusieurs jours d’affilé, a la côtoyer, elle va finir par m’accueillir avec de grands sourires. Je peux jouer et rire avec elle, même quand elle n’est plus protégée par les bras de sa maman. Je m’amuse aussi beaucoup avec son grand frère. C’est intéressant de constater que les personnes ayant accès à l’électricité, possédant des appareils électriques tels qu’une radio, ou une télévision, les laissent en permanence allumés, tel un signe de richesse qu’il faut mettre en avant. En tout cas, nous allons profiter de la possibilité de regarder en direct les retransmissions des matches de la coupe du monde. Beaucoup de personnes sont réunis chez ces professeurs. L’ambiance est électrique, alors que les différentes personnes défendent les camps adverses et se moquent du perdant. Lors de la finale entre l’Argentine et l’Allemagne, nos cœurs vont battre à la chamade, chaque camp sautant plusieurs fois de joie pour rien en raison d’une action manqué, ou d’un hors-jeu des attaquants. La délivrance pour l’Allemagne et ces supporters arrivera en fin de prolongation quand ils vont sceller le score à 1-0. Je ne pensais pas pouvoir suivre autant cet événement. C’est intéressant de le partager avec des grands fans de football, autour d’une bière locale, mais aussi femmes et enfants qui veulent prendre part à cette fête mondiale.

Sinon, je passe de supers moments avec les enfants du village, à cuisiner local, à découvrir les environs un peu plus en profondeur, à discuter avec Chenda, à rédiger mes récits et à faire du tri dans mes photos… Une vie simple, une vie avec des locaux, ou chaque action peut demander un temps infini. Rien d’exceptionnel ou d’incroyable, jusqu’à que Chenda me parle d’un événement qui doit se dérouler quelques jours plus tard. Elle me dit qu’il serait intéressant que je puisse rester au moins jusqu’à ce jour. Je n’y vois aucune objection. Cela colle parfaitement avec mon possible emploi du temps.

Dimanche 13 juillet 2014, nous nous rendons au niveau de la route principale au village, qui n’est qu’un chemin de terre et de rochers. Nous attendons l’arrivée d’une personnalité. Chenda en profite pour faire quelques achats et passer à la pharmacie pour acheter certains médicaments dont elle a besoin. Après un peu d’attente, sur un banc au soleil, plusieurs voitures 4 roues motrices font leur apparition. Les villageois accourent brandissant des branches, chantant et dansant. Nous allons les suivre jusqu’à la grande église qui prône sur la place principale du village. De nombreuses personnes sont venus salués l’arrivée du nouveau prêtre, qui a été ordonné voilà quelques mois. Il vient prendre la place vacante. Il est originaire de cette région. Cela semble être un vrai événement dans le village. En ce dimanche après-midi, il ne s’agit que d’un accueil chaleureux avant qu’il ne prenne ces quartiers dans sa nouvelle demeure. Une cérémonie d’intronisation est prévue le lendemain. En attendant, sur la route du retour, nous nous arrêtons avec Chenda et Glorie dans une petite échoppe locale pour partager une jarre, en plastique, de Bégé.

Maria, la maman, s’est mise sur son trente-et-un, en ce lundi matin. Elle part en direction de l’église, longtemps avant que nous soyons prêts. Avec Glorie et Chenda, nous prenons le temps de nous préparer avant de partir sur le lieu de la cérémonie. Rien ne pouvait me préparer à la journée que je vais vivre! Sur la place du village, l’attroupement de villageois est impressionnant. Ceux sont plusieurs centaines de personnes qui sont venus pour célébrer l’arrivée de ce nouveau prêtre pour leur diocèse. Les enfants portent leur uniforme scolaire. Deux chorales sont présentes, un groupe de musique aussi. Une majorité des villageois portent leurs plus beaux habits. Plus de 50 prêtres de la région et encore plus de sœurs ont été invités pour cette cérémonie qui semble prendre une ampleur que je n’aurais pas pu imaginer. De plus, à ce moment, je n’ai encore rien vu! Une longue procession a alors lieu pour entrer dans l’église, qui n’est pas assez grande (malgré que cette église soit imposante pour un si petit village) pour accueillir tout le monde et que chacun trouve une place assise. La cérémonie va durer plus de 2h00. Il est facile de ressentir la ferveur d’un grand nombre de ces tanzaniens, de comprendre l’importance à leur yeux d’accueillir ce nouveau prêtre, le berger religieux de ces individus, en attentent de lendemains meilleurs. Cette messe se déroule selon un cérémoniel proche d’une messe classique hebdomadaire, exceptions faites que 2 chorales se partagent l’honneur de chanter pour ce prêtre, que de nombreux discours sont faits en son honneur, et que de nombreux présents font lui être offerts lors d’une parade, des différents groupes, appartenant à cette communauté. Je trouve déjà cette cérémonie un peu ostentatoire, mais une fois encore je ne m’imagine pas ce que je vais vivre. Une procession accompagne la sortie de ce prêtre et la fin de cette cérémonie dans l’église.
Nous discutons à l’extérieur avec des amis à Glorie et des connaissances à Chenda. Plusieurs personnes intriguées viennent me serrer la main. Je pense alors que nous n’allons pas tarder à rentrer chez eux. Un repas est organisé et l’entrée se fait avec un carton d’invitation. Avec Chenda, nous ne possédons pas ce dernier. Mais elle me dit, de me présenter à l’entrée et de faire comme si j’étais invité. Cela va parfaitement fonctionner. Alors que je me présente, un responsable me voyant, demande aux personnes devant moi de dégager la route pour que je puisse rentrer, sans être pris dans la cohue. Je pénètre alors facilement dans l’enceinte qui a été créée spécialement pour cet événement. Aucun carton d’invitation ne va mettre demander. Chenda et Glorie arriverons à se frayer ensuite un chemin dans la foule, avant de me rejoindre. Dans l’enceinte, il y a une estrade, richement décorée, où le prêtre et toutes les personnes importante seront conviés pour le repas. Sinon, plus de 300 sièges ont été installés, sous de grandes tentes, pour accueillir l’ensemble des personnes invités! Nous allons nous voir offrir de petits amuse-gueules, puis la bière locale. Ensuite des bières en bouteille et autres sodas nous sont proposés. La cérémonie continue par quelques discours et cérémoniel impliquant le nouveau prêtre. Il s’en suit un buffet, disposé à trois endroits stratégiques, où la nourriture est présente en abondance. Après un nouveau discours, plusieurs prêtres font exploser des bouteilles de «Champagne» (mousseux qu’ils dénomment par cette appellation contrôlée), puis une nouvelle procession est de nouveau organisée pour offrir des nombreux autres présents afin de célébrer cette arrivée. Je suis heureux de prendre part à cette fête, de voir comment cela se déroule dans ce petit village. Néanmoins, je trouve que cette cérémonie ne correspond pas aux valeurs que devraient déployer l’église catholique, aux textes de la bible. Il est aisé de voir que l’église est très riche dans cette région du monde. Elle peut facilement dépenser des sommes considérables pour une célébration qui devrait, pour moi, se passer dans la joie et la communion, mais non avec exubérance. Le fait de prendre part à un événement poussant à la surconsommation ne devrait pas, pour moi, ponctuer un tel événement. Je trouve cela encore plus déplacé dans un endroit, où la majorité de la population vie d’une agriculture de subsistance, avec des moyens très limités, voire parfois inexistant. Les dérives de notre société capitalisme est partout et aucun domaine n’est épargné. Le trou est béant entre ce que les religions peuvent prôner et mettre en avant, et ce que l’être humain et, dans ce cas, les responsables religieux, en font.

Je viens néanmoins de vivre une expérience culturelle forte. Elle me permet de comprendre, chaque jour un peu plus, le monde dans lequel je vis, son évolution rapide surtout dans certaines régions du monde. Il est évident que notre planète et l’envie de ces peuples sont de plus en plus proches concernant les besoins matériels, concernant l’accession à ce que certains appelleront richesses mais, que j’aurais plutôt tendance à décrire, comme une homogénéisation, détruisant des modes de vie uniques, et ne permettant pas obligatoirement de rendre les personnes plus heureuses, bien au contraire. Notre monde crée des envies, des besoins qui ne sont pas primaires, mais qui frustrent de nombreuses personnes quand elles n’y ont pas accès. L’écart se creuse chaque jour un peu plus entre les différentes classes sociales. Une meilleure répartition des richesses n’est qu’utopie, et le monde ne devient pas plus unifié, plus juste ou meilleur car j’ai acquis les mêmes équipements matériels que mon voisin. D’ailleurs, je devrais le jalouser car il vient de s’acheter la dernière télévision, non? Mes pensées et mes écrits débordent un peu du sujet initial, du moment vécu, lors de cette journée d’accueil de ce prêtre, dans sa nouvelle paroisse. Mais je ne peux pas m’empêcher d’exprimer mon désaccord, mon incompréhension…

Nous rentrons à la nuit tombée, à la maison, après avoir dansé et avoir fait le chemin retour en groupe! Je pensais partir le lendemain vers Arusha, mais je vais finalement prolonger mon séjour de 24h00 de plus. La dernière journée sera une nouvelle fois assez simple. Etant un grand fan de Chappattis avec haricots et sauce tomate, nous préparerons ces derniers pour le dernier dîner. Je viens de passer plus de 15 jours complets avec cette famille, à vivre son mode de vie, et à apprendre, jour après jour, à mieux les connaître. Les aux revoir se font sans aucun cérémoniel. Nous nous saluons affectueusement, en nous souhaitant une bonne continuation, et en espérant que nos chemins se recroiseront un jour ou l’autre même si la probabilité, que cela se produise, est très faible. Pour moi, plus je reste dans un endroit, plus il est difficile de le quitter. Mais ne sentant pas un côté émotionnel fort de l’autre côté, je garde mes ressentis pour moi et ne les exprime pas physiquement parlant. Glorie et Chenda m’accompagne sur le chemin, jusqu’à la route principale reliant l’entrée de Marangu avec la ville de Moshi. 
Je trouve facilement un Daladala qui me conduit en ville. De là, je prends un bus reliant deux des villes les plus importantes du pays. 2h00 plus tard, j’atteins Arusha, qui me promet de bons moments de vie. Quelques rêves devraient devenir réalité. Cette ville va être le théâtre de retrouvailles avec Lucy. Nous avons passé seulement quelques jours ensemble mais ces derniers furent mémorables. Tous les souvenirs de cette expérience me reviennent alors clairement à l’esprit. C’était il y a 2 ans, presque jour pour jour, en Indonésie, lors du trajet en bateau entre Lombok et Florès, en partance pour la rencontre avec les Dragons de Komodo. Notre expérience dans l’océan indien, sur ces petites embarcations en bois, avec une promiscuité importante et un confort sommaire, après avoir essuyé quelques petites tempêtes, ne peut avoir créée que des liens forts! Je vais devoir encore attendre quelques heures avant de la retrouver.

Elle est au travail jusqu’à la fin de l’après-midi. Je décide donc de me rendre dans les agences de touristes, dont une avec laquelle j’ai déjà été en contact, pour concrétiser un rêve que j’ai depuis des années en tête. Je me rends donc dans les bureaux de Meru Moutain Treks and Safaris. Je fais la rencontre avec Neema, avec qui nous avons échangés par emails. Elles me procurent les différentes options qui se présentent à moi. Je lui dis que j’ai tout de même besoin de réfléchir à ces propositions avant de prendre une décision. Je laisse mon sac-à-dos dans leur bureau et je pars en ville. Le but n’est pas seulement de réfléchir, mais aussi d’avoir des points de comparaisons avec d’autres agences. Je vais me rendre dans 4 autres agences, pour obtenir des devis et informations concernant leur safari à bas coûts. Je prends vite conscience que le rapport prix-qualité et le sérieux de l’agence semblent imbattables avec Meru Moutain Trek and Safari. Après avoir fait un détour à la banque, avoir retiré plusieurs centaines de milliers de shilling tanzanien, je retrouve Neema. Je paie pour le safari de 4 jours – 3 nuits dans certains des plus fameux parcs au monde, pour admirer la vie sauvage. Elle me fournit ma facture avec le détail des prestations! Je n’avais pas envisagé cela de cette manière mais le départ est prévu pour le lendemain.

Après avoir utilisé les services d’un nouveau Daladala, je vais retrouver Lucy à la porte d’entrée de son travail. Lucy est anglaise mais elle vit avec sa maman et son beau-père en Tanzanie depuis qu’elle a 2 ans. Elle a grandie et vécue la majorité de sa vie dans ce pays, avant d’aller faire ces études en Angleterre, puis de voyager pendant quelques mois, période où nous nous sommes rencontrés. Au retour de son expérience, elle a travaillée, pendant quelques mois, en Angleterre avec un poste, des missions et une société qui ne lui correspondait pas du tout. Elle a très vite compris qu’elle déprimerait si elle ne trouvait pas une alternative. Elle a donc démissionnée et vient de trouver un travail, il y a trois mois, à Arusha, dans lequel elle s’épanouie totalement. Ces parents, qui détiennent une compagnie de Safaris, sont partis en vacances, pendant plusieurs mois, sur leur terre natale. Lucy vit pour l’instant seul dans leur maison. Je découvre une maison impressionnante de plusieurs centaines de mètres carrés, sur deux étages, prônant au milieu d’une propriété de plusieurs hectares, avec des dépendances, des écuries. Le changement avec la vie locale à Komela est énorme. Je vais dormir dans la chambre d’une de ces sœurs, avec un lit double très confortable. Je vais avoir ma propre salle de bain de type occidental, avec une douche et de l’eau chaude. Je dépose mon sac et prépare mon sac pour le lendemain. Nous nous rendons ensuite dans un centre, pour expatriés et riches propriétaires, avec ces propres terrains de sports, leurs plantations de café, leur propre compagnie touristique, leur bar et restaurant dans un lieu protégé. Nous y faisons la connaissance de ces amis d’enfances. Ils travaillent majoritairement avec les touristes, pour les différentes compagnies de Safaris de leurs parents, ou ils sont pilotes d’avion ou encore professeurs. Certains volontaires, amenés par des locaux se sont aussi joints au groupe. Nous buvons quelques bières et dînons un plat léger. Cette soirée est un peu courte pour relier les liens avec Lucy. Heureusement, je peux passer quelques jours chez elle, à mon retour de Safari. Nous aurons donc plus de temps à passer ensemble.
Nous avons convenus d’un lieu de rendez-vous pour que le chauffeur du Range rover, qui est aussi le guide, me récupère sur la route pour se rendre dans le premier parc national de ce périple. Je pensais que nous saurions 6. Je fais finalement la connaissance de seulement deux autres compagnons, Nick et Beernt, deux hollandais. Ils ont étudiés 6 mois en Afrique du Sud, avant d’entreprendre un voyage en voiture depuis ces terres au Sud, jusqu’en Tanzanie. Je sens immédiatement que nous n’aurons pas de problème pour nous entendre. Nous quittons rapidement la banlieue d’Arusha pour nous diriger vers le Sud-Ouest. Le long de cette route nationale en bon état, nous pouvons observer la vie des locaux, dont celle des Masaï qui sont nombreux à conduire leurs troupeaux de bovins, de moutons, ou de chèvres à travers les plaines de la région. Les maisons traditionnelles sont encore présentes en masse, même si les constructions avec briques et tôles se développent, comme des champignons en saison des pluies, arborant très souvent des publicités pour les principales compagnies du pays comme les télécom, les boissons alcoolisées ou sucrés…

Après plus de 2h00 de route, nous arrivons à la porte d’entrée du Parc National de Tarangire. Ce dernier est une ancienne zone de chasse qui a changé de statut pour y protéger les espèces y vivant. Son attrait principal est l’importante population d’éléphants, qui y réside, et qui en a fait son royaume. Sur une superficie totale de 2600 km2, on y trouve une des plus grandes concentrations d’animaux sauvages du pays, 9 zones de végétations différentes, et la présence d’une espèce de baobabs unique à ce parc, dont certains arbres ont plus de 300 ans. Ce parc tire son nom de la rivière Tarangire, qui le traverse sur toute sa longueur du Sud au Nord, à une altitude moyenne de 1100 mètres. 

Après avoir obtenu le permis à l’entrée, où de nombreux 4x4 sont agglutinés, nous empruntons les chemins de terre, en prenant un peu de distance avec cet attroupement de touristes comme je n’avais pas vu depuis des mois… Je savais qu’en cette période sèche, la fréquentation des parcs atteindrait des pics mais je garde l’espoir que nous ne serons pas toujours entourés par plusieurs véhicules... Il est facile de voir que le soleil a déjà asséché sérieusement la végétation dans ce parc. Nous allons rapidement voir des antilopes, différentes espèces d’oiseaux, des troupeaux de gnous accompagnés avec des zèbres. J’aime le fait de pouvoir prendre le temps d’observer leurs comportements. Notre guide possède de nombreuses connaissances sur la faune et la flore, que nous pouvons admirer à seulement quelques mètres de nous, voire parfois à peine à quelques centimètres. J’apprends que les zèbres sont des animaux intelligents avec un sixième sens pour sentir le danger mais aussi la présence de l’eau même à des centaines de kilomètres. Les gnous et les zèbres vont souvent de paires. Ils se déplacent en grands groupes. Les zèbres aiment aussi se positionner à deux ou trois, la tête sur la proue de l’un et de l’autre pour pouvoir observer à 360°, et se protéger encore un peu mieux des insectes qui viennent les déranger. Les rayures, sur leur robe, censées trompées ces perturbateurs, ou le mouvement qu’ils font avec leur queue, ne sont jamais suffisant. J’aime ces animaux si particuliers et leur beauté unique. C’est la première fois que je vois, dans un milieu sauvage, les gnous qui sont les stars de la migration qui se passe, un peu plus au Nord, entre la Tanzanie et le Kenya. Nous allons ensuite découvrir des autruches et leur imposante stature, des Waterbuck et une autre espèce de gazelle. Le temps est ensuite venu de prendre le déjeuner, au niveau d’un point de vue sur la nature environnante. Nous pouvons voir la rivière qui s’écoule en fond de vallée, des éléphants, cervidés, singes,… se déplaçant en toute liberté dans cette énorme étendue, au pied du promontoire rocheux où nous nous trouvons. De petits singes et oiseaux occupent les arbres autour de la zone de pique-nique, dans l’espoir de pouvoir picorer les restes des touristes, ou même espérer que certains ne respecterons pas la règle de ne pas nourrir la faune sauvage! Notre pack pour le déjeuner est correct même si le sandwich avec seulement deux tranches de concombre laisse à désirer. Il faut croire que ce n’était que du pain que nous pouvons manger avec l’œuf dur et la délicieuse cuisse de poulet. Peu importe, nous avons assez en quantité pour nous caler jusqu’au souper. Je suis surtout pressé de retourner dans le parc pour profiter un maximum de ce Safari (en Swahili, Safari signifie trajet, voyage sous toutes ces formes).
Continuant à parcourir les chemins de terre du parc, nous allons pouvoir admirer de très proches des girafes, de l’espèce Masaï. Elles sont vraiment gracieuses! Puis, nous allons enfin pouvoir interagir avec les stars de ce parc. Nous allons pouvoir observer plusieurs groupes d’éléphants, de plus ou moins proches, et dans différents zones naturelles comme le lit de la rivière asséchée,  dans la savane, près de zone un peu plus arides. Contrairement aux éléphants d’Asie, il est facile de voir que l’éléphant d’Afrique est un animal sauvage qui se protège des êtres humains. Nous nous retrouvons, à un moment, très près d’un groupe qui traverse juste devant nous. Le mâle dominant est sur ces gardes. Il peut charger à tout moment si le chauffeur fait une manœuvre le mettant dans une position de défense inconfortable. Je trouve passionnant le fait de pouvoir admirer les réactions du plus gros mammifères terrestre de la planète, d’observer la puissance de sa trompe, et l’aspect social entre les différents membres d’un clan. Continuant notre tour, nous pouvons observer notre premier Buffalo, au niveau d’un regroupement de véhicules. En effet, ce dernier est mort, mais son corps est encore totalement intact. De nombreux guides pensent que des lions ne sont pas loin. Nous ne pouvons pourtant pas les repérer, à proximité, ou même dans une zone de plusieurs centaines de mètres. Après que l’excitation de voir quelque chose d’exceptionnel soit retombée, nous allons finir notre tour pour la journée. Nous sommes capables d’admirer encore de nombreux groupes d’animaux herbivores. Nous n’aurons pas pu observer de carnivores ou un des trois «gros chats» de la région. Mais ce n’était pas vraiment le but principal de la journée.
Le campement est en bord de falaise qui surplombe la région où se trouve le parc national du lac Manyara. Nous avons décidés de ne pas le visiter, pour ne pas alourdir l’addition assez salé de ce genre d’activité dans cette partie du monde. Après avoir monté les tentes, prépare notre couchage, un dîner très agréable nous est servi. Il commence par une soupe, puis il s’en suit une mijoté de légumes avec un peu de viandes et des fruits exotiques en désert. Après un spectacle de jongleries, acrobaties, et musiques d’un groupe local, nous ne demanderons pas notre reste pour rejoindre notre lit… Le point de vue est splendide sur la région depuis ces hauteurs. Après une nuit calme, le lever de soleil est splendide. Je suis le seul courageux, avec un couple et leur fille, pour assister à ce moment particulier de la journée. Yong, un Sud-Coréen, nous a rejoints pour partager notre périple au cours des 3 jours à venir. Notre guide trouve des excuses pour que nous ne partions pas trop tôt. Il nous dit que nous devons gagner du temps pour arriver au bon moment pour conduire dans le prochain parc. Il est vrai que les animaux sont plus actifs en fin de journée, avant le coucher du soleil. Mais ce qu’il ne nous dit pas c’est que les entrées des parcs nationaux ne sont pas valables pour une journée mais pour 24h00. En arrivant à une certaine heure, même si le temps passé dans le parc s’étend sur 2 jours, il ne dépassera pas cette limite, permettant de faire des économies substantielles. Je comprends pourquoi maintenant certaines compagnies peuvent proposer de tels prix.

C’est le cas quoi qu’il en soit pour tous les tours et, comme dans tous domaines, les questions financières sont primordiales! Je ne vais pas me plaindre non plus, au vu des moments que nous nous apprêtons à vivre, même  si ce facteur ne rentre pas dans l’équation. Seul la nature et la vie sauvage peuvent décider, ou non, de t’offrir un spectacle, fort intéressant dans cette région quel que soit la chance de chacun, mais qui peut devenir mémorable… Je ne veux pas avoir des attentes trop importantes pour ne pas être déçu… Pourtant j’ai envie de tout voir! Je suis surpris de voir que les villes et la population se trouvent toujours aux portes des zones protégées et que chaque jour, sans un contrôle strict, les constructions humaines pourraient prendre le pas sur la nature. Pour rejoindre, le Parc National de Serengeti, nous devons traverser la zone protégée du Ngorongoro. Encore une fois, à l’entrée de cette zone, les véhicules transportant des touristes sont très nombreux. Cela s’explique aisément car nous sommes en chemin vers un incontournable d’un voyage en Tanzanie. Dans le centre d’informations, je vais approfondir mes connaissances sur ces territoires protégés où il est possible d’effectuer des safaris.  Les parcs nationaux sont des zones où les règles de protection sont les plus fortes et où l’être humain n’est pas autorisé d’habiter (dans certains endroits, des locaux, habitants sur place depuis toujours, ont été exproprié). Il y a ensuite les réserves de gibier, où la chasse est autorisée. Dans ces endroits, les chasseurs ou non-chasseurs sont accompagnés de gardes armés. Les structures d’accueil y sont beaucoup plus sommaires. Une des plus grandes et des plus connus est celle de Selous. Dans ces réserves, la chasse s’exerce dans la grande tradition sportive, mais aussi barbare et stupide, glorifiée par Hemingway il y a plusieurs dizaines d’années. Contrairement à ce que l’on peut croire, encore de nombreuses espèces protégées sont tuées, si le client peut mettre le prix, et cela n’est pas toujours dû au braconnage, qui est aussi et encore un fléau énorme pour la préservation de cette faune exceptionnelle. Il y a enfin les zones protégées, où les habitants, que sont les Massaïs à Ngorongoro, peuvent vivre sous certaines conditions, permettant de s’assurer qu’il n’y aura pas d’interférence entre les besoins des êtres humains et de la vie sauvage. Malheureusement ces populations, vivants encore dans des conditions précaires, ne profitent pas des retombés économiques des revenus des lieux. Leur seul revenu consiste à vendre leur maigre bétail, ou à l’argent des touristes qui visitent leur habitat. Malheureusement certains considèrent cette population comme des animaux en cage, menacé de disparition. Je trouve cela un peu triste, c’est pourquoi je décide, comme mes compagnons, de ne pas me rendre dans un de ces villages.

Sur les panneaux explicatifs du centre d’information, j’apprends aussi ce que signifie exactement le «Big Five». En effet, tout le monde parle du fait de pouvoir voir, dans ce parc, le «grand 5», qui regroupe l’éléphant, le Buffalo, le rhinocéros, le lion et le léopard. Il ne s’agit pas des 5 animaux les plus imposants, pas non plus des 5 animaux en haut de la chaîne alimentaire, mais des 5 animaux de la savane les plus difficiles à abattre pour les chasseurs. J’aimais utiliser le nom du «Big five» car ils faisaient partis des principaux animaux que je voulais voir, mais après cette révélation, je préfère utiliser le nom de «Big 10», par exemple en ajoutant à ces derniers les guépards, les girafes, les hippopotames, les crocodiles et les zèbres. Un documentaire passant sur un écran plat gigantesque me donne simplement l’envie d’en découdre avec la route, pour rejoindre la zone, où nous pourrons admirer ces animaux.

Après quelques minutes de plus à attendre patiemment nous reprenons la route. Nous allons évoluer dans des paysages changeants du tout au tout en quelques kilomètres. Pour commencer, sur le pourtour du cratère de Ngorongoro, au sud de ce dernier, la végétation est une forêt tropicale très dense, complétement recouverte en ce jour par une brume épaisse. Nous passons à côté du point de vue en haut du cratère, où ne nous voyons pas à plus de 5 mètres. Puis instantanément nous allons sortir de cette brume. Nous arrivons dans un paysage montagneux très aride. A cette période, où la saison sèche est déjà avancée, nous allons voir un paysage spécifique, très différent du reste de l’année, pendant la saison des pluies. Je découvre de très beaux paysages représentant l’Afrique authentique, avec ces acacias et ces steppes arides. Nous passons à côté de village de Massaïs où plusieurs voitures de touristes sont arrêtées. Nous n’avons même pas à aller à leur rencontre, ceux sont eux qui viennent à la nôtre. Nous en dépassons de nombreux sur le bord de la route. Puis nous arrêtant au niveau de la délimitation du parc, nous allons pouvoir en côtoyer plusieurs, revêtant différents accoutrements Nous avons donc atteints les fameuses plaines du Serengeti. A la période des pluies, ces plaines sont verdoyantes, avec de grandes herbes et insectes, attirant une des plus grandes concentrations d’animaux en Afrique de l’Est et de nombreux oiseaux, dont beaucoup de migrateurs! J’aime alors à m’imaginer le spectacle que cela aurait pu me réserver. Je me dis aussi que j’aimerais avoir la chance de revenir lors de cette autre saison de l’année. Les pluies ont cessées depuis le mois de juin. Les cours d’eau se sont asséchés. Les ongulés, principalement les gnous et les zèbres ont alors déjà largement entamés leur migration vers le Nord, pour retrouver des pâturages verdoyants, leur offrant nourriture et eau. Ils passent alors la saison sèche au Masaï Mara, côté kenyan, où j’espère bien les retrouver dans quelques semaines. Au moment des premières pluies, en nombre, ils entreprendront de nouveau leur migration vers le sud, pour revenir au Serengeti, qui aura retrouvé son aspect verdoyant et sa vitalité. Pour l’instant, en ce mois de juillet, surtout lors de la première partie du trajet, il ne s’agit plus que de grandes plaines totalement désertes, où quelques cervidés se battent pour manger les dernières touffes d’herbes asséchées. En parlant de se nourrir, après de longues heures de routes, nous nous arrêtons au niveau d’un îlot rocheux de plusieurs mètres de hauteur, qui contraste avec cette vaste zone plate. Nous y dégustons notre déjeuner pendant que notre guide remplis les démarches administratives nécessaires à la continuation du voyage et pour entrer pleinement dans le vif du sujet de cette journée. Il est plus de 14h30 quand nous pénétrons dans la partie la plus intéressante du parc à cette période de l’année, lieu où la présence de l’eau fait la différence. Après seulement 10 minutes de route, nous nous trouvons à faire la queue derrière une petite dizaine de véhicules. Que ceux sont-ils capables d’observer? Nous ne voyons rien pendant plusieurs minutes. Puis, nous rapprochant d’un petit bosquet, nous pouvons voir à l’ombre de ce dernier, à moins de 2 mètres de nous, trois lionnes qui font la sieste, sûrement complétement repus après un bon repas nocturne ou matinal. Leur territoire est aride à cette période de l’année mais la viande fraîche est tout de même présente en assez grande quantité. C’est un bon début de «Game drive» (conduite en 4x4 pour l’observation animalière) mais j’espère que l’on ne s’arrêtera pas à ces derniers.
Nous passons assez rapidement à côté de nombreux cervidés. Nous roulons encore pendant plus d’une demi-heure avant d’atteindre une zone où d’imposants blocs de monticules rocheux de couleurs grises, les «Kopjes», semblent avoir poussé au milieu de nulle part. Sur un de ces derniers, à l’abri d’un arbre, à une distance très raisonnable, un animal se prélasse. Il s’agit d’un de ces animaux, que j’espérais secrètement, mais vraiment, pouvoir observer. Nous restons de longues minutes, non loin de ce léopard! Il fait sa toilette tel un chat domestique, en se léchant le corps à l’aide de sa langue. D’un autre côté, il est tout de même possible de voir son côté sauvage. Cet animal, en liberté, dans son environnement, peut devenir une bête tueuse à chaque instant. Il semble prendre quoi qu’il en soit un réel plaisir dans ces lieux. Nous ne semblons pas du tout le déranger. Une chose est sûre, je suis comme «un dingue», un enfant qui vient d’avoir le modèle le plus récent du jeu le plus high-tech du moment, un adulte qui vient d’obtenir le graal, ou simplement comme moi une personne qui réalise un de ces rêves les plus fous… Ce qui est bien, c’est qu’ils sont nombreux pour moi et que la liste n’est pas prête de s’épuiser! En attendant, je sais la chance inouïe que j’ai d’être face à ce félin d’une rare beauté! Je boue intérieurement… Après de longues minutes, nous devons tout de même continuer notre route et laisser la place à deux véhicules, qui nous suivent. L’après-midi n’est pas encore fini mais il est aisé de comprendre pourquoi ce parc national a été classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. Nous allons traverser des végétations changeant parfois sur seulement quelques mètres, dont les couleurs, les lumières et la densité muent avec les saisons, ou les cours d’eau ou les mares sont vitales, permettant aux animaux de survivre dans des conditions parfois difficiles. Puis nous allons enchaîner les rencontres avec d’autres espèces gazelles, antilopes, éléphants, une multitude d’oiseaux avec des tailles très différentes, des hippopotames, des zèbres et gnous,… Je vais pour la première fois, dans leur habitat naturel être capable d’observer deux hyènes, une jeune et un adulte, venant à la rencontre l’un de l’autre. Elles ne sont pas aussi laides que mon imagination, et le visionnage de documentaires animaliers, me laissaient le percevoir. Je peux voir à ce moment une vraie complicité entre ces deux représentants de leur espèce. Alors que nous prenons la direction du campement pour la nuit, nous sommes amenés à faire encore deux magnifiques rencontres. La première consiste en 3 éléphants, dont une femelle, et deux éléphanteaux avec plusieurs années d’écart. Le petit dernier aura décidé de nous faire un vrai spectacle, en se roulant dans la terre et en se cachant derrière sa mère.  Après leur avoir cédé le passage, sur ce chemin de terre, nous n’allons même pas faire un kilomètre de plus, que nous pouvons observer le 3ième «gros chat» qui nous manquer en cette journée magique. Un guépard est actif, Il se promène à gauche et à droite, à la recherche de la meilleure proie avant d’attaquer. Il va vite disparaitre derrière la végétation. Nous avons eu tout de même quelques minutes en sa compagnie. Les deux girafes et deux antilopes, qui se trouvent dans les parages de ce carnivore, ne semblent pas vraiment inquiètes…
Nous passons assez rapidement à côté de nombreux cervidés. Nous roulons encore pendant plus d’une demi-heure avant d’atteindre une zone où d’imposants blocs de monticules rocheux de couleurs grises, les «Kopjes», semblent avoir poussé au milieu de nulle part. Sur un de ces derniers, à l’abri d’un arbre, à une distance très raisonnable, un animal se prélasse. Il s’agit d’un de ces animaux, que j’espérais secrètement, mais vraiment, pouvoir observer. Nous restons de longues minutes, non loin de ce léopard! Il fait sa toilette tel un chat domestique, en se léchant le corps à l’aide de sa langue. D’un autre côté, il est tout de même possible de voir son côté sauvage. Cet animal, en liberté, dans son environnement, peut devenir une bête tueuse à chaque instant. Il semble prendre quoi qu’il en soit un réel plaisir dans ces lieux. Nous ne semblons pas du tout le déranger. Une chose est sûre, je suis comme «un dingue», un enfant qui vient d’avoir le modèle le plus récent du jeu le plus high-tech du moment, un adulte qui vient d’obtenir le graal, ou simplement comme moi une personne qui réalise un de ces rêves les plus fous… Ce qui est bien, c’est qu’ils sont nombreux pour moi et que la liste n’est pas prête de s’épuiser! En attendant, je sais la chance inouïe que j’ai d’être face à ce félin d’une rare beauté! Je boue intérieurement… Après de longues minutes, nous devons tout de même continuer notre route et laisser la place à deux véhicules, qui nous suivent. L’après-midi n’est pas encore fini mais il est aisé de comprendre pourquoi ce parc national a été classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. Nous allons traverser des végétations changeant parfois sur seulement quelques mètres, dont les couleurs, les lumières et la densité muent avec les saisons, ou les cours d’eau ou les mares sont vitales, permettant aux animaux de survivre dans des conditions parfois difficiles. Puis nous allons enchaîner les rencontres avec d’autres espèces gazelles, antilopes, éléphants, une multitude d’oiseaux avec des tailles très différentes, des hippopotames, des zèbres et gnous,… Je vais pour la première fois, dans leur habitat naturel être capable d’observer deux hyènes, une jeune et un adulte, venant à la rencontre l’un de l’autre. Elles ne sont pas aussi laides que mon imagination, et le visionnage de documentaires animaliers, me laissaient le percevoir. Je peux voir à ce moment une vraie complicité entre ces deux représentants de leur espèce. Alors que nous prenons la direction du campement pour la nuit, nous sommes amenés à faire encore deux magnifiques rencontres. La première consiste en 3 éléphants, dont une femelle, et deux éléphanteaux avec plusieurs années d’écart. Le petit dernier aura décidé de nous faire un vrai spectacle, en se roulant dans la terre et en se cachant derrière sa mère.  Après leur avoir cédé le passage, sur ce chemin de terre, nous n’allons même pas faire un kilomètre de plus, que nous pouvons observer le 3ième «gros chat» qui nous manquer en cette journée magique. Un guépard est actif, Il se promène à gauche et à droite, à la recherche de la meilleure proie avant d’attaquer. Il va vite disparaitre derrière la végétation. Nous avons eu tout de même quelques minutes en sa compagnie. Les deux girafes et deux antilopes, qui se trouvent dans les parages de ce carnivore, ne semblent pas vraiment inquiètes…
Réveil avant le lever du soleil pour tous, nous partons en safari, pour assister à ce dernier, en plein milieu de la savane. L’idée est aussi de pouvoir assister, en direct, à une attaque d’un carnivore, sur une de ces proies préférées. Lors des premières minutes, nous ne pouvons rien voir. L’obscurité est encore trop forte. Nous ne possédons pas les yeux des félins ou des lunettes infra-rouges nous permettant de voir dans le noir. Puis nos yeux vont petit-à-petit s’habituer à l’obscurité. La clarté du jour va faire le reste. Nous ne voyons rien d’existant à se mettre sous la dent, lors des premières minutes. Nous allons, en revanche, assister à un lever de soleil particulier. Le soleil orangé s’élève doucement à l’horizon, magnifiant la savane qui se trouve au premier plan. Nous avons stoppés le Land Cruiser, auprès d’un groupe d’une quinzaine de jeunes hyènes. Leur réputation de charognards les précède, en tout cas dans mon esprit, les rendant encore plus laids qu’ils ne le sont physiquement parlant. Mais je vais un peu changer mon point de vue, après les avoir vus s’amuser, tous ensemble, pendant de longues minutes.
La matinée va ensuite être très riche pour l’observation de la vie sauvage. Nous allons passer d’une scène magique à une autre. Après avoir vu des zèbres, éclairés par une lumière rasante, des cervidés, nous pouvons observer nos premiers lionnes à une distance importante. Puis, au niveau d’un bloc rocheux, nous tombons nez-à-nez avec un groupe d’éléphants qui trouvent leur nourriture dans les arbres ou les herbes encore présentes dans cette zone. Ils mangent comme ils le font pendant la majorité de leur temps au quotidien. Ces animaux doivent ingurgiter plus d’une centaine de kilogrammes de végétation pour assouvir leurs besoins nutritifs quotidiens… 

Ensuite, nous roulons, pas plus de 5 minutes, quand une scène exceptionnelle se présente à nous. Deux guépards sont assis sur leurs pattes arrière. Ils observent les environs. Ils vont rester quelques minutes dans cette position pour notre plus grand plaisir. Puis le premier va s’allonger dans les hautes herbes asséchées, le second l’imite un peu plus tard. Ils ont alors totalement disparus de notre champ de vision. Ils sont maintenant invisibles alors qu’ils ne se trouvent qu’à quelques mètres. 
Nous nous déplaçons dans la vallée de la rivière Seronera, où beaucoup d’animaux se sont déplacés et réunis en raison du remplissage de ces cours d’eau, contrairement à d’autres parties du parc, maintenant totalement asséchées. Nous allons alors faire la connaissance de Simba (signifiant Lion en Swahili), comme dans le «Roi Lion» de Walt Disney. Ce petit lionceau se prélasse dans les herbes hautes près d’un cours d’eau. Sa maman veille sur lui. A quelques mètres de là, sous un arbre, nous pouvons admirer à quelques centimètres de nous, le Roi Lion de la savane. Ce dernier ne semble pas menaçant du tout, tel une grosse peluche, alors qu’il fait son activité préférée, qui consiste à dormir (deux tiers de la journée, le lion dort). En effet, malgré sa réputation, le lion est un animal fainéant. Il mérite largement son titre de roi. Aucun animal ou presque ne viendra lui contester son trône. La plupart des animaux ne se mettent pas à travers de son chemin. De plus, le mâle dominant d’un groupe, ne chasse que rarement. Ceux sont les femelles qui s’occupent du dur labeur. Elles attrapent des proies, les mettent à terre avant de leur ôter la vie. Ça sera pourtant le mâle qui aura le privilège de croquer, en premier, dans la carcasse, sans vie, de l’animal qui vient d’être chassé par les lionnes… Ce lion nous fera tout de même l’honneur de lever la tête, de regarder ce qui se passe autour de lui, avant s’avachir de nouveau sur ces pattes avants. 

Au niveau des points d’eau, la vie sauvage bat son plein. La flore n’est pas en reste avec des fleurs et des îlots de palmiers qui pourraient faire penser à des mirages, tellement ils contrastent avec le reste de la végétation aux alentours. Nous pouvons observer les cervidés, les ongulés, de nombreux oiseaux, dont des grands échassiers comme les Marabouts, plusieurs espèces de singes, des crocodiles, des hippopotames qui se prélassent dans la boue... Puis, continuant à avancer en voiture, nous tombons sur un groupe de lionceaux, probablement les amis de Simba, seuls sur un petit promontoire rocheux. Les parents les ont laissés sur place pour vaquer à d’autres activités. Ces lionceaux ne bougeront pas tant que les parents ne seront pas de retour, ou qu’ils ne leur donnent le signal de les rejoindre. Nous n’allons pas mettre beaucoup de temps à repérer les parents! Nous pourrions assister dans quelques minutes à un des sommets de ce safari. En effet, un lion et plusieurs lionnes se déplacent doucement, à pas léger, autour d’un groupe de 3 Buffalos. Il est aisé de voir qu’ils se préparent à une attaque. La tension est de nouveau à son comble. Les lions encerclent maintenant leurs proies et l’étau se resserre. Mais les Buffalos ont peut-être sentis le danger? Après avoir fait du surplace, occupés à brouter, Ils se déplacent de nouveau à vive allure, venant sûrement d’entreprendre une fuite salvatrice. Les lions les suivent à la trace. Nous admirons le spectacle en parallèle. Cela ne durera que quelques minutes. Les lions sont de plus en plus loin de leur possible festin. La  lionne qui mène le groupe s’arrête finalement, signant la fin de la chasse. Il n’y aura pas d’attaque en ce milieu de matinée. Nous aurions tous voulu que ce moment se produise, mais peu importe, j’ai déjà savouré ce moment d’incertitude, où j’ai cru que l’improbable aller se produire. 
Nous continuons ensuite à parcourir le parc dans tous les sens. Nous tombons encore et encore sur des gazelles de Thompson ou de Grant, des impalas, des phacochères, des hyènes, des singes… Les lions ont vraiment décidés en cette matinée de nous faire honneur. Moins de 20 minutes après avoir quittés un clan, nous en rejoignant un autre, qui se déplace à quelques mètres du chemin de terre. 3 lionnes et 5 lionceaux ouvrent la marche. Un lion ferme la marche. Nous allons le suivre sur plusieurs centaines de mètres. Il est majestueux! C’est un pur bonheur de le voir se mouvoir dans son environnement de prédilection. Il passe devant un troupeau d’éléphant, sans vraiment prêter attention. Nous pouvons alors vraiment prendre conscience de l’écosystème dans lequel évoluent ces derniers et les interactions entre tous les animaux...

Nous avons pu profiter du lion quasiment pour nous tout seul. En revanche, les voitures se sont agglutinées au niveau des lionnes et des lionceaux, qui décident finalement de traverser le chemin et de s’installer à l’ombre d’un grand acacia.  Nous n’avons pas le plaisir de les voir passer juste devant nous. Nous allons devoir attendre notre tour pour les approcher de près. Frustration, ou non, je vais essayer de relativiser! Mais, malgré la fréquentation très importante à cette période de l’année, nous avons réussi majoritairement à nous promener seul dans les différents coins et recoins de ce parc. Les regroupements se produisent seulement quand les stars du parc sont présentes. Les guides communiquent par radio. Quand nous sommes aux premières loges, je ne remarque même pas la présence des autres véhicules. En revanche, quand des véhicules, qui se sont agglutiné dans tous les sens et bloquent le passage, quand nous sommes si près d’un splendide animal et que nous ne pouvons pas profiter de sa présence, j’ai un peu plus de mal. Il faut cependant voir l’aspect positif de la situation. Plus il y a de voitures circulant partout dans le parc, plus la chance d’être alerté, d’un moment d’exception à venir, est grande! Pour les rares cas, où l’attroupement se produit, il faut espérer être un des premiers sur les lieux ou d’avoir la chance de trouver un point de vue imprenable sur la scène. Pour cette fois, nous prendrons donc notre mal en patience, avant de pouvoir admirer les lionnes et lionceaux d’un côté de la route. Le lion s’est lui grandement rapproché. Il vient de s’allonger sous un arbre, qui se trouve de l’autre côté du chemin… La matinée vient de s’envoler. Il est presque 13h00 alors que nous aurions dû finir aux alentours de 11h00. Notre guide vient de nous donner de sérieux bonus, qui nous ont permis d’assister à certaines scènes magiques. Quand nous revenons au campement, l’ensemble des véhicules ont déjà quittés les lieux, après avoir pris leur «brunch»! Après avoir seulement eu le droit à un thé et quelques gâteaux secs avant 6h00, nous sommes maintenant affamés. Notre chef cuisinier nous a préparé un vrai festin avec eau chaude, toasts, omelette, brochette, tarte aux légumes, frites, mijoté de légumes, et pancake pour finir le repas… Nous quittons ensuite rapidement les lieux pour sortir en temps et en heure du parc. Nous admirons encore de très près certains animaux comme la gracieuse girafe ou des gazelles. Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons au niveau de vautours. Ces derniers se tiennent à quelques mètres de la route. D’autres survolent l’espace, en planant juste au-dessus de nos têtes. Ils n’ont pas un physique avantageux. Comme les hyènes, le fait que ce soit des charognards n’aident pas pour leur réputation. Pourtant dans les airs, avec leur grande amplitude, je les trouve majestueux. Au même endroit que nous avions pu observer nos premières lionnes, la veille, nous retrouvons sûrement le même groupe. Cette fois-ci un lion mâle est présent. Je ne me lasse pas de les admirer même si nous en avons vus plus d’une quarantaine dans la journée. Ce dernier petit bonus n’est pas pour me déplaire.
Nous attendons ensuite encore plus d’une heure, au niveau du quartier des rangers du parc de Serengeti. Il y a encore de nombreux papiers à remplir pour notre guide afin d’être en règle dans ces zones très contrôlées. Dans la fin d’après-midi, nous roulons en sens inverse, à travers ces plaines arides, pour rejoindre les alentours du cratère de Ngorongoro. Dans le camping public la veille, nous étions peu nombreux. Mais en cette soirée, nous rejoignons plus d’une centaine d’autres touristes. Le camping est bondé, les 4x4 s’accumulent le long de la route. Les cuisines sont impressionnantes à visiter. Les chefs s’afférent. Ils font des miracles en cuisinant avec un simple feu de bois, du charbon, ou une bonbonne de gaz. Dans une salle bondée, nous prenons un simple repas. Avec Nick, Beernt et Yong, notre complicité grandie. Nous rigolons bien en échangeant sur divers sujets, en plaisantant avec nos voisins de table, ou autres guides! Une fois encore, nous n’allons pas veiller trop tard. Le lendemain nous nous réveillons, une nouvelle fois de bonne heure, afin de descendre dans le cratère. 
A 6h30, après le petit-déjeuner, nous quittons le campement. La brume est présente mais pas très dense. La visibilité est bonne. Il est intéressant de réaliser que nous sommes dans la région des gorges d’Olduvai, considérées comme le «berceau de l’humanité», avec son site archéologique exceptionnel, où a été retrouvé le corps encore bien conservés du plus veille être humain jamais identifié… En attendant, nous allons descendre dans le cratère du Ngorongoro, qui est considéré comme un joyau de l’Afrique de l’Est. Beaucoup le nomme comme la «8ième merveille naturelle du monde», en raison de la beauté des lieux et de la multitude d’animaux qui y résident. Ngorongoro, comme Serengeti, est classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Cette zone protégée permet la coexistence d’une faune sauvage, qui doit être préservée, et des pasteurs semi-nomades, les Massaïs, qui pratiquent l’élevage du bétail. Après avoir obtenu le feu vert, nous commençons la descente dans ce cratère d’un diamètre de plus de 20 kilomètres, d’une superficie de 265 km2, et d’un dénivelé en moyenne de 610 mètres. Près de 30 000 mammifères sont «bloqués» dans cet espace. Le dénivelé étant important et les animaux ayant tout ce dont ils ont besoins dans ce microcosme, ils n’en sortent pas. L’écosystème y est très particulier et ce site revêt une importance mondiale pour la conservation de la biodiversité. Le rhinocéros noir, mondialement menacé, est un de ces résidents par exemple. Dans le cratère, les rayons de soleil transpercent un ciel nuageux assez dense. L’atmosphère y est donc unique en ce début de matinée.

Arrivés au fond du cratère, nous allons directement être en contact avec la réalité de la vie sauvage. Des Buffalos font face à des lionnes qui les dominent sur des troncs d’arbres morts. Nous avons l’impression, en arrivant, que l’attaque pourrait avoir lieu dans les prochaines secondes… Nous sommes sur nos gardes, essayant de trouver le meilleur point de vue pour ne rien manquer de l’action. Notre guide déplace le véhicule deux fois. Nous avons maintenant en visu les Buffalos et les lions qui se font face. Les événements ne vont pas se dérouler comme nous aurions pu l’envisager. Ceux sont les buffalos qui chargent en tapant des pieds et en utilisant leurs imposantes cornes protubérantes. Nous ne l’avions pas encore vu les lionnes ne sont pas en position de force car elles sont avec leurs lionceaux. Elles ne veulent pas  prendre de risque pour leur progéniture. Elles battent donc en retraite. Les buffalos pourront donc continuer tranquillement leur chemin sans être déranger. Nous attendons, tout de même un peu, pour voir si quelque chose va se passer. Il n’en sera rien, si ce n’est un petit lionceau essayant de s’entraîner à la chasse sur un groupe de pintade.

Les véhicules, qui s’étaient accumulés au niveau de la scène, se dispersent. Beaucoup partent dans le sens giratoire, alors que notre guide choisit le sens opposé… Nous voyons une première scène d’attaque d’un carnivore! Et non, il ne s’agit pas d’un lion, d’un léopard, ou d’un guépard, mais un renard qui vient de capturer un oiseau. Beaucoup de personnes ne trouveraient pas cela vraiment existant. Mais au moins nous venons de voir en direct comment un animal prépare son attaque, capture sa proie, et déchiquette cette dernière morceaux. Il semble se régaler. Nous pouvons ensuite observer un grand groupe de gnous, posé tranquillement dans la savane. A un moment donné, sans raison particulière que je puisse observer, ils détalent à grande vitesse, dans la direction opposée où se trouvaient les lionnes quelques minutes auparavant. Peut-être que ces dernières sont affamés et que les gnous ont sentis le danger! En les suivant, nous allons assister à un des sommets de ce safari!
Nous sommes encore assez loin de la scène quand j’aperçois deux animaux poursuivre une gazelle mâle de Thompson. Un d’entre-eux saisit la proie et il arrive à la clouer au sol. Le temps que nous fassions le chemin nous séparant de la scène, l’animal gît déjà sans vie. Les crocs de la mâchoire de ce carnivore, plantés dans son cou, lui ont été fatals. Je suis surpris de voir qu’il s’agit de deux hyènes. Je pensais que ces animaux n’étaient que des charognards. Plus je découvre cette vie sauvage, plus cet animal me réserve des surprises. Nous sommes aux premières loges pour voir ces deux hyènes commençaient leur déjeuner et ce festin. Leur tête est pleine de sang. Elles déchirent leur proie de toute part. Elles se régalent en arrachant des morceaux entiers de chair. La scène n’intéresse pas seulement les deux véhicules, dont le nôtre, posté aux avant-postes, pour profiter de ce moment très spécial. Un premier vautour se pose rapidement à proximité. Très vite d’autres tournent dans le ciel, avant de venir se poser près de la carcasse. Ils devront attendre patiemment en espérant que ces hyènes leur laisseront de quoi se nourrir. Au fil des minutes, la scène va prendre une tournure incroyable. Chaque seconde apporte son lot de surprises. Ceux sont maintenant 10, 20, 30, 40 et plus de 50 vautours qui se trouvent à proximité. Les hyènes continuent de déguster leur repas. Elles chassent parfois les vautours qui se rapprochent de trop près de la pièce de viande principale. Regardant autour de nous, nous pouvons voir que cela attire d’autres animaux. Des hyènes, sûrement de la même meute, s’ameutent. Nous pouvons les voir arriver de plusieurs directions, à grandes enjambées. Elles sont maintenant 5 à dévorer la gazelle. Les deux premières, qui ont chassées et tuées cette proie, ne semblent pas rechignées à partager ce beau morceau de viande. Je suis surpris aussi de voir que des cervidés se trouvent assez proches de la carcasse d’un des leurs. Ils ne semblent pas perturbés, ni inquiéter. Ils continuent de savourer l’herbe verte présente dans ce cratère.
La scène est déjà passionnante mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises! Occupé à regarder à droite et à gauche, je ne vais pas la voir arriver depuis la lisière des bois, où nous les avons observés plusieurs dizaines de minutes auparavant. Mais je vais pouvoir assister à une scène incroyable. Une lionne vient d’accourir sur les lieux. Le simple fait qu’elle courre en direction de la carcasse fait suivre les hyènes, qui se mettent à distance respectable de la menace des crocs et griffes de la lionne. Les vautours n’ont pas non plus demandé leur reste. Ils se sont envolés quelques mètres plus loin. La lionne emporte le reste de la gazelle. Elle sécurise l’endroit et chasse de nouveau les quelques hyènes qui se rapprochaient dangereusement. Ces dernières sont plus d’une dizaine et d’autres accourent encore. Nous sommes stupéfaits dans le Land Rover. Nous n’en croyons pas nos yeux! Même en supériorité numérique très forte, les hyènes ne tentent rien pour récupérer leur proie, contre cette lionne esseulée. Elles expriment leur frustration en grognant. Elles tournent en rond non loin, restent autour de cet animal sans vie. Mais elles ne pourront plus se lécher les babines en savourant le délicieux goût du sang frais de cette gazelle. La lionne a pris la main mise sur la carcasse. La hiérarchie des forces en présence est alors flagrante. Le lion est le roi de la savane. Il est au sommet de la chaîne alimentaire. Cette lionne vient d’en faire la preuve sans que cela ne puisse être contesté. Elle peut alors se poser tranquillement dans l’herbe et commencer à déguster ce repas. Contrairement à d’habitudes, ce dernier ne lui a pas demandé trop d’efforts. Elle n’a pas eu à chasser. Elle n’a pas eu besoin de l’aide de ces congénères pour resserrer l’étau avant d’attaquer. Il lui a suffi de se rendre sur la scène et de venir se servir, après avoir effrayé en quelques secondes ces hyènes impuissantes. Elle est sûrement encore plus confortable à se poser tranquillement dans les herbes de ce cratère, quand deux des lionnes du même clan la rejoignent. Les trois vont déguster un peu de viande. Le guide nous dit qu’elles peuvent manger pour assouvir leur propre faim, mais qu’elles seront aussi capables de régurgiter cette nourriture pour l’offrir aux petits lionceaux.  Les lionnes s’amusent aussi à chasser et pourchasser les hyènes qui se trouvent toujours dans les environs. Les Vautours s’envolent à chaque charge d’une des lionnes, embellissant encore un peu plus la scène et l’action. Le renard est le plus téméraire. Il s’approche à proximité des lionnes qui sont assises et déguste cette viande fraîche. Les lionnes ne bronchent pas car il n’y a aucune concurrence avec ce petit carnivore. Le renard espère, peut-être, néanmoins pouvoir glaner un peu de viande sans avoir à chasser… 

Certains véhicules n’arrivent que maintenant. Ils n’auront que les restes et les miettes d’une scène, mettant en valeur la vie sauvage, nous permettant de comprendre comment cet écosystème se régule. Des animaux viennent de retirer la vie à un autre. Mais il n’y a rien de dégoutant, de désolant, de choquant, d’affligeant, qui peut outrer et heurter la sensibilité de quelqu’un. Il s’agit du cycle de la vie, de la sélection naturelle, et de l’équilibre de l’écosystème. Ces carnivores viennent de tuer pour se nourrir et vivre! Ils n’ont pas tués pour le plaisir, ils n’ont pas ôtés la vie de cet animal pour des idées divergentes, ou un désaccord avec un de leurs semblables. Ils n’ont pas tuées pour assurer leur domination, pour entreprendre l’extermination de cette espèce plus faible, ou écraser un concurrent qui n’en est pas. De nombreux animaux profitent du festin. Le partage a été présent entres les individus de la même espèce. Il n’y aura aucun gâchis. Et même, si la loi du plus fort l’emporte finalement, cela régit les lois de la nature! 
Ce début de matinée nous comble et répond à nos souhaits les plus profonds de voir un peu d’action! Même si la suite de cette demi-journée est un peu plus calme, nous n’allons pas être en reste concernant l’observation de cette merveille naturelle. Ceux sont tout d’abord les oiseaux qui vont nous honorer dont une espèce très spécifique, dénommée «Secretary Bird», à l’allure reconnaissable et à la beauté unique. Je peux aussi voir de nouveau les autruches si impressionnantes. Je découvre l’emblème du pays que je visiterais par la suite; l’Ouganda. Nous ne ménageons pas nos efforts pour apercevoir une des stars de ce cratère, une espèce menacée de disparition, le rhinocéros noir. Malheureusement, les efforts combinés des différents véhicules resteront bredouilles lors de cette journée. Ces animaux n’aiment pas vraiment la présence de l’homme. Ils se réfugient donc très souvent dans les forêts. Ils ne montrent que rarement le bout de leur nez… ou plutôt de leurs bicornes! Nous pouvons tout de même observer une faune abondante avec les buffalos, les gnous, les zèbres, les hippopotames, qui nous réservent parfois de belles surprises. L’un se roule dans la terre, les 4 fers en l’air, l’autre fait des roulés-boulées dans l’eau, l’un s’amuse à détaler sans raison précise, pendant qu’un de ces congénères, nous montrent son impressionnant pénis, alors qu’aucune femelle ne se trouve dans les parages.  Je ne pense pourtant pas que ça soit nous qui lui faisons un tel effet… Même si ça sera d’un peu trop loin, nous pouvons observer un groupe de trois lions mâles solitaires (sans clan avec lionnes et lionceaux). Deux se reposent, repus, tandis que le troisième s’occupe de la chair fraîche d’un buffalo qu’ils ont dû tuer en début de matinée. 
Certains groupes d’ongulés et de cervidés sont gigantesques. Les paysages sont sublimes. Je ne me lasse pas de tourner à l’intérieur de ce cratère. Surtout, depuis 2 jours, le roi de la savane a décidé de nous faire honneur! Un lion mâle a décidé de faire le beau pour les touristes. Alors qu’une dizaine de véhicules s’est regroupée près de lui, il va décider de prendre son temps en les longeant. Il se repose, à l’ombre, protégé du soleil par les volumes des 4x4. Il passe entre notre Land Rover et un autre. Il n’est qu’à quelques centimètres de moi. Puis, il va s’assoir juste au niveau du pot d’échappement du véhicule. Nous ne pouvons pas bouger. Nous devons attendre que Monsieur Le Lion décide de continuer son chemin. En attendant, nous pouvons l’admirer de près et deviner aisément sa puissance. 

Après ce moment d’apothéose, nous prenons la direction de la sortie. Deux lions sont venus nous saluer. Ils se tiennent assis, dans les herbes hautes, au bord de la route. C’est des images pleines la tête que je quitte ces lieux. Nous entreprenons la remontée de plus de 600 mètres d’altitude pour atteindre le pourtour du cratère. Après une pause, au niveau d’un point de vu dominant cet endroit unique, après avoir pris notre dernier déjeuner ensemble, l’expérience extraordinaire et la page de ce safari se referment. Tout s’est passé à merveille. Dame Nature nous a gratifiés d’un spectacle, que je souhaite à chacun de vivre une fois dans sa vie. Notre guide et le chef cuisinier ont fait du très bon travail, possédant les compétences et l’intelligence d’écouter les attentes de leurs clients. Mes compagnons de voyage m’ont permis, quant à eux, de vraiment partager ce moment et de le vivre à plusieurs. Nos chemins se séparent à l’arrivée à Arusha, mais j’espère bien, avec les moyens modernes, garder contact avec eux. Nous roulons plus de 3h00, avant de rejoindre notre destination finale. Ils me laissent au même endroit où ils m’avaient récupéré lors du départ. Ils vont, quant à eux, retrouver la folle ambiance de la jungle urbaine…   
J’aurais pu, sans problème, rester à explorer ce milieu naturel et sauvage beaucoup plus longtemps. Un safari de 4 jours est cependant, je trouve, un laps de temps parfait, surtout au vu de la densité de ce qui nous a été proposée. Nous avons vraiment pu apprécier, sans que cela devienne une habitude. Nous avons continué, jusqu’au bout, de nous émerveiller pour la moindre nouveauté… Et puis, pour ma part, je sais que dans quelques semaines, je recommencerais une aventure de cet acabit. Je vais pouvoir en profiter encore et encore et je pense que je ne me lasserais jamais d’observer la nature et la vie sauvage.
En attendant, je n’ai pas envie de courir. Le moment tombe parfaitement bien concernant mes retrouvailles avec Lucy et son hospitalité. Je vais pouvoir laisser décanter mes idées et mes impressions après ce nouveau rêve qui est devenu réalité. Je peux prolonger le plaisir en commençant le tri et la sélection des photos… Je profite aussi d’un cadre de vie super, d’un confort que je n’ai pas eu souvent, lors de mon voyage au long cours. Après une bonne et longue douche chaude, nous sommes invités en soirée, chez une de ces voisines et amie d’enfance. Nous nous rendons chez les parents de cette dernière. Nous passons la soirée dans le jacuzzi extérieur des propriétaires, en sirotant vins et bières! Le lendemain, Lucy part au travail tôt. Je ne suis néanmoins pas seul dans cette propriété car les employés de maison seront présents toute la journée. Je fais la connaissance avec les deux femmes de ménage, et principalement Emilie, qui est une personne à laquelle ils font entièrement confiance. Il y a aussi 3 employés qui s’occupent du jardin et des chevaux, sans oublier les 4 chiens et 3 chats qui vivent librement dans le jardin. Même si je ne fais rien d’exceptionnel, la journée passe très vite.

Les jours suivants défilent très rapidement aussi. Je profite d’être posé et d’avoir un endroit totalement sécurisé, où laisser toutes mes affaires, pour aller me dégourdir les jambes. Quel bonheur de courir chaque matin! Cela me permet en plus d’explorer la campagne environnante près de la maison de Lucy. Les chiens vont adorer venir avec moi. C’est la première fois que je courre avec des compagnons à quatre pattes. Je trouve cela intéressant. Le seul problème se produit quand nous passons près d’une propriété avec d’autres chiens qui veulent défendre leur territoire. Ces derniers bloquent parfois le chemin. Je dois donc séparer ces derniers afin de continuer notre route. Cela fait un bien fou de refaire du sport. Je me sens tellement bien après un footing matinal. J’espère que j’aurais d’autres occasions de pratiquer ce sport, pendant ce voyage au long cours. Je passe sinon du temps à relaxer dans le jardin, à jouer avec les animaux domestiques, à discuter avec Emilie, à trier une quantité impressionnante de photos prises au cours du Safari. Je profite des talents d’Emilie pour déguster de très bons plats, avec des produits de qualité, acheter sur place, ou qui ont même été amené d’Europe.

En parlant de nourriture, j’ai quelques troubles digestifs qui persistent. J’ai essayé les remèdes locaux lorsque j’étais à Komela. Il y a eu les plantes récoltées lors de la descente, après l’ascension du Kilimandjaro, que tu peux croquer ou faire en infusion. Il y a eu aussi ces fruits spécifiques qui sont normalement conseillés  lors d’une forte diahrée ou quand tu as des forts maux de ventre. Mais rien n’y fait! Une grande fatigue persiste sans raison, mes selles sont liquides, j’ai parfois un peu de fièvre. Je décide donc de prendre le taureau par les cornes et de me rendre à l’hôpital. Lucy me conseille une clinique aux standards européens. Je suis très surpris de la qualité du service que je vais recevoir. Les bâtiments sont flambants neufs. Les secrétaires, le médecin et les infirmières vont être très professionnels. Je n’ai aucune crainte quand un infirmier va me prélever mon sang pour faire des tests. Il est facile de voir que le lieu est totalement aseptisé, qui utilise du matériel unique, qu’il ouvrira devant moi et qui a été entreposé dans des conditions optimums. Après moins de 30 minutes d’analyse de mon sang et de mes selles, le résultat tombe. Je n’ai pas la Malaria, ou autres maladies attrapés par des piqûres d’insectes. Les analyses de mon sang sont bonnes. J’ai tous les minéraux nécessaires à un bon fonctionnement de mon corps. Mais j’ai attrapé l’Amibiase. C’est une maladie qui s’attrape avec de l’eau insalubre ou du moins qui n’est pas bonne à la consommation. J’ai commencé à avoir quelques troubles depuis mon séjour à Zanzibar et j’ai peut-être laissé traîner un peu trop. Cette maladie si elle n’est pas traité peut causer des troubles graves, menant parfois à la mort de la personne infectée par déshydratation du corps et problèmes internes. Heureusement, avec les médicaments appropriés, elle se traite très bien. Il n’y aura pas de séquelles par la suite. Cette bactérie, dans mon ventre, s’est amusée un peu trop avec moi! Je vais maintenant la combattre et retrouver ma pleine forme. Après ne pas avoir été malade pendant de nombreuses années, j’accumule néanmoins les problèmes de santé qui affecte mon organisme. Une chose est sûre, pour les mois à venir, je ne boirais que de l’eau minérale, ou que j’aurais traité préalablement avec les micropures (pastille à incorporer dans l’eau et qui permettent de tuer la majorité des bactéries nocives pour le corps). Ce pronostic me rassure néanmoins fortement, sachant que je vais pouvoir continuer mon rêve éveillé et retrouver une «forme olympique». C’est impressionnant comment une maladie peut s’immiscer insidieusement, comment il est possible de perdre ces capacités sans vraiment sans rendre compte. Je ne rechigne pas à me rendre chez un médecin mais il faut vraiment que cela soit nécessaire et que mon corps me donne des signes clairs (en même temps, j’ai de qui tenir! Hein les parents si vous voyez ce que je veux dire!). En tout cas, ce fut une bonne idée de passer quelques heures, à l’hôpital, et de traiter cette maladie avant de continuer mon périple. Sans devenir hypocondriaque, je pense que je consulterais plus rapidement si mon corps me donne quelques signes que ce soit, même avant-coureurs, ou si je ne retrouve pas la pleine capacité de mes moyens…

Pendant le reste du séjour, je vais passer de bons moments. Lors d’une matinée, je me rends au marché d’arts et de souvenir, qui se trouve en ville. Je me fais assaillir de toutes parts par les vendeurs. Je leur fais comprendre que je ne suis pas venu pour acheter, que je vais voyager encore, pendant de longs mois, et que je ne peux rien transporter avec moi. Certains essayeront tout de même de me persuader d’acheter quelque chose même de tout petit. Rien à faire, je suis ici seulement pour regarder et voir ce que ce pays propose comme souvenirs, objets d’art,… Une autre après-midi, je visite le lieu où Lucy travaille. Cette entreprise s’appelle Shanga. Une femme, faisant antérieurement des colliers qui ont eu un grand succès, a développé un vrai business. Cette structure accueille les touristes dans un très bel endroit. Beaucoup de compagnies emmènent leurs clients dans ces lieux pour se restaurer. Ils combinent le repas avec la visite du magasin et surtout des ateliers où les employées travaillent. En effet, beaucoup d’objets sont produits sur place par une équipe mêlant handicapées, sourds et muets et personnes totalement valides. L’attraction principale est le souffleur de verre. C’est passionnant de voir le processus utilisé pour, à partir de verres recyclés, obtenir de très beaux objets de couleurs, tels que des verres, des vases, des pichets… je vais passer beaucoup de temps à admirer les souffleurs œuvré pour la réalisation de ces ustensiles en verre. Il y a aussi les métiers à tisser, un peintre sur bois, des sculpteurs, du travail avec des mosaïques… C’est vraiment intéressant de voir tous ces travaux manuels réalisés au même endroit. Je découvre aussi la Tanzanite, dont j’ai plusieurs fois entendu parler auparavant. Il s’agit d’une pierre précieuse bleutée qui ne se trouve que dans la région. Je regarde les autres objets mis en vente. Je profite d’un salon de jardin très confortable, dans un espace verdoyant. Les instants sur place sont donc plaisants. Je comprends mieux maintenant pourquoi Lucy s’amuse, en tant que responsable de l’atelier, de toutes les activités qui y sont liées, de l’emploi du temps des employés, et de la gestion des stocks. Elle prend plaisir car diriger une équipe et des projets implique d’être chaque jour confronté à de nouvelles problématiques.
Je me promène aussi dans la campagne environnante de la ville avec, parfois, une très belle vue sur le Mont Meru. J’y découvre aussi  la vie des locaux. Lucy est une personne qui a beaucoup de connexions avec tous les expatriés vivants dans les environs d’Arusha. Nous allons donc être invités à plusieurs soirées. L’une d’entre-elles se passe chez Joanna, une suédoise qui vit sur place depuis plus de 4 ans. Elle a créé sa propre entreprise de Safaris à cheval. Ils vont dans certains endroits en marge des endroits touristiques très fréquentés. Il faut être un bon cavalier pour faire partie d’un de ces safaris. Tu passes, en effet, plus de 8h00 sur le cheval. Tu dois être aussi capable de t’éloigner du danger si ce dernier se présente, telle la charge d’un éléphant, la présence d’un carnivore. C’est le genre d’activité à laquelle j’aimerais énormément participer. Je fais beaucoup de choses incroyables lors de ce voyage. Mais je ne peux tout de même pas tout réaliser pour des questions de temps et de budget. En attendant, nous allons passer une exquise soirée chez elle. J’ai un peu l’impression de me retrouver au temps de mes soirées Erasmus à Leeds. Les expatriés viennent de différents pays. Chaque personne est ouverte d’esprit. Nous allons chacun apporter notre touche personnelle. J’adore ce mixte de culture et les moments qui en résultent. Quand nous arrivons, avec Lucy, tout le monde se trouve dans la cuisine et met la main à la patte pour aider à la préparation du repas. Nous allons nous joindre à eux et, par la même occasion, commencer immédiatement l’apéritif à base de vin rouge. Cette soirée sera une vraie source de bonheur. Nous nous régalons, culinairement parlant, avec une salade en entrée et des pains faits maisons. Puis il s’en suit un bon morceau de viande, avec une sauce aux champignons, des petites légumes et des pommes de terre nouvelles. Nous dégustons ensuite quelques fromages avant de finir par un crumble pomme-rhubarbe et une glace à la vanille. Je n’avais pas mangé aussi sophistiqué depuis de long mois. Qui plus est, les différents vins, qui accompagnent ces mets, viendront ajouter une touche finale à cette soirée réussite. Je vais avoir de très bonnes discussions, avec Guillaume, français et pilote pour la région, Joanna et sa meilleure amie, venue lui rendre visite,… La convivialité est omniprésente. Je ne réalise pas que le temps s’écoule… Trop rapidement!
Le lendemain, le beau-père de Lucy est de retour chez lui car il doit préparer, pour les jours à venir, un très gros événement avec des clients. Cela ne lui pose aucun problème de m’accueillir chez lui. Nous allons même avoir de chaleureuses discussions… Enfin, le dernier soir, nous nous rendons dans un restaurant de la ville, un indien, qui vient tout juste d’être reconstruit et de rouvrir la veille. Il a essuyé voilà quelques semaines une attaque à la bombe artisanale. Cette dernière était destinée à un des clients et sa famille. Il n’y a pas eu de morts mais de nombreux blessés graves. Un des expatriés à organiser cette soirée pour les soutenir dans cette épreuve et monter la solidarité des habitants des environs. Le repas indien est succulent. Il me rappelle quelques très bons souvenirs. Nous ne rentrerons tout de même pas trop tard, car Lucy part, le lendemain, pour rejoindre son petit-ami à Nairobi.

Il est temps donc pour moi aussi de reprendre la route. Je vais profiter de la nuitée offerte, par l’agence de tours organisés, à Arusha, pour finaliser mon séjour magique dans les environs. Puis j’entreprends, le lendemain matin de bonne heure, un périple qui va encore me faire changer de pays. Comme à chaque entrée dans un nouveau pays, mon intellectuel est en ébullition, mes sens sont en éveilles, et l’excitation  à son comble. Je viens de vivre des moments inoubliables, tellement différents les uns les autres.  Je reviendrais avec un grand plaisir dans ce pays pour explorer d’autres recoins beaucoup moins touristiques, bien entendu aussi faire une ascension, ou un safari, activités dont je ne me lasserais jamais. Il en va de même du voyage… Ce dernier «forme la jeunesse», c’est une certitude! Il procure aussi un plaisir au quotidien simple et sincère. Le voyage peut devenir une abdication. Faut-il encore faire les bons choix, pour les bonnes raisons… Or, pour moi, je suis persuadé que l’instant vécu est primordial mais qu’il mérite d’être partagé d’une façon ou d’une autre. Ceci me fera probablement prendre une décision me permettant d’avoir une situation où mes proches et amis seront de la partie, ou j’espère pouvoir construire mon avenir, et tout donner à des personnes que j’aime!  En attendant, un nouveau pays m’attend et m’ouvre ces portes. Je vais pénétrer sur ces terres, en espérant qu’il me procure autant de belles surprises que cette aventure tanzanienne…